8 mai 2016
Evangile du dimanche 8 mai 2016 - Commentaires de Marie Noëlle Thabut Eglise Catholique.fr | Publié le 8 mai 2016 EVANGILE – selon Saint Jean 17, 20 – 26En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés,je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » Nous sommes à la fin du dernier entretien de Jésus avec ses apôtres quelques heures avant sa mort. L’entretien prend maintenant la forme d’une prière : il prie devant eux ; cela veut dire qu’il les fait entrer dans son intimité ; il leur fait partager ses désirs les plus profonds. Or de qui parle-t-il le plus dans sa prière ? Il parle du monde ; ce qu’il veut de toutes ses forces, c’est que le monde croie : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Un peu plus tard, il répète : « Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé ». Et pourquoi est-il si important que le monde reconnaisse en Jésus l’envoyé du Père ? Parce qu’alors seulement le monde saura combien Dieu l’aime. L’envoi de son Fils est la plus belle preuve d’amour que Dieu peut donner au monde : « Le monde saura que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » C’est bien le même Saint Jean qui rapporte la phrase de Jésus à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16). A relire ces lignes, on est frappés de l’insistance de Jésus sur les mots amour et unité ; une fois de plus, il faut reconnaître que l’histoire de Dieu avec les hommes est une grande aventure, une histoire d’amour. Dieu est Amour, il aime les hommes, et il envoie son Fils pour le leur dire de vive voix ! C’est bien ce que Jésus dira quelques heures plus tard à Pilate, au cours de son interrogatoire : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » (Jn 18, 37) Au moment de s’en aller, de passer de ce monde à son Père, comme dit Jean, Jésus transmet le témoin à ses disciples, et à travers eux à tous les disciples de tous les temps : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. » Désormais, c’est à eux que le témoignage est confié ; Jésus l’a dit quelques instants auparavant : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. » (Jn 17, 18). Il le leur redira le soir de Pâques : « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » (Jn 20, 21). Comme tous ceux qui, avant eux, tout au long de l’histoire biblique, ont été choisis par Dieu, ceux-ci sont choisis pour une mission ; et cette mission est toujours la même pour tous les prophètes de tous les temps : annoncer que Dieu aime les hommes. A la suite de Jésus-Christ, tout Chrétien peut dire ou devrait pouvoir dire : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Cette vérité qui est l’amour sans limites de Dieu pour l’humanité, ou, si vous préférez, ce fameux « dessein bienveillant » dont parle la lettre aux Ephésiens. Mais, voilà, il y a quand même une chose étrange dans tout cela : on peut se demander en quoi ce message est-il si dérangeant que Jésus l’ait payé de sa vie, comme de nombreux prophètes avant lui et ses apôtres ensuite. Jésus aborde précisément cette question dans les dernières phrases de notre texte de ce dimanche ; il dit : « Père juste, le monde ne t’a pas connu. » Pour lui, l’explication est là, c’est le drame de la méconnaissance. C’est cette méconnaissance de l’amour de Dieu qui est la racine du malheur de l’humanité, méditait déjà le livre de la Genèse. Et le prophète Isaïe notait : « Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître. Mais Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is 1, 3). C’est bien ce que Saint Jean dit dans le prologue de son évangile : « Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jn 1, 10-11). Comme Jésus, les disciples vivront ce déchirement, ce drame du refus par ceux à qui ils annonceront pourtant la meilleure nouvelle qui soit. Le monde est l’objet de l’amour de Dieu et de ses prophètes mais aussi et en même temps le lieu du refus de cet amour. Jésus a exprimé ce drame à plusieurs reprises : d’une part, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique… Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (3, 16…17 ; 12, 47). D’autre part, « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier… (Mais) prenez courage, j’ai vaincu le monde ! » (15, 18 ; 16, 33). C’est sur ce cri de victoire qu’il nous faut rester : nous savons que le chant d’amour de Dieu pour l’humanité finira bien par être entendu. A l’instant même où Jésus fait cette grande prière, où il se confie ainsi à son Père devant ses disciples, il sait bien qu’il est déjà exaucé ; lui qui a dit : « Père, je sais bien que tu m’exauces toujours. » (Jn 11, 42). C’est seulement pour hâter le jour qu’il insiste tant sur la consigne d’unité qu’il donne à ses envoyés : « Qu’ils soient un en nous eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Jusqu’au jour où l’ange fera sonner sa trompette pour annoncer « Le royaume du monde est maintenant à notre Seigneur et à son Christ et il régnera pour les siècles des siècles. » (Ap 11, 15).
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