29 mai 2016
Evangile du dimanche 29 mai 2016 - Commentaires de Marie Noëlle Thabut | Fête du Corps et du Sang du Christ Eglise Catholique.fr | Publié le 28 mai 2016 EVANGILE – selon Saint Luc 9, 11-17 - En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu, et guérissait ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit :« Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. » Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers. ************************************************************************************************ Commentaires Pour la fête du Corps et du Sang du Christ, nous lisons un récit de miracle et plus exactement de multiplication des pains : ce choix peut nous surprendre ; Corps et du Sang du Christ, nous pensons aussitôt à l’Eucharistie… et, à première vue, quel lien y a-t-il entre l’Eucharistie et un miracle de multiplication des pains ? Saint Luc, lui-même, pourtant, a très certainement voulu marquer ce lien car il décrit les gestes de Jésus avec les termes mêmes de la liturgie eucharistique : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples. » Reprenons le texte en le suivant tout simplement : la première phrase, d’abord, « Jésus parlait du règne de Dieu et il guérissait ceux qui en avaient besoin ». Il annonce le règne de Dieu par ses paroles et par ses actes. La multiplication des pains intervient tout de suite après : c’est donc qu’elle s’inscrit dans ce contexte : la multiplication des pains, aussi, c’est le règne de Dieu en actes ; nourrir ceux qui ont faim, c’est faire naître le règne de Dieu. (On sait à quel point Luc aime insister sur la nécessaire cohérence entre les paroles et les actes). « Le jour commençait à baisser » : les disciples ont souci de ces gens qui vont se laisser surprendre par la nuit ; très sagement ils suggèrent la solution : il faut disperser cette foule, renvoyer tout le monde ; chacun pourra régler son problème de logement et de nourriture ; on trouvera bien le nécessaire dans les environs… apparemment, à en croire le texte de Luc, c’était envisageable. Mais Jésus ne retient pas cette solution de dispersion : on peut se demander pourquoi ? Peut-être le Règne de Dieu qu’il annonce ne cadre-t-il pas avec des solutions de dispersion ? Le Royaume de Dieu est un mystère de rassemblement, nous le savons ; il ne s’accommode pas du « chacun pour soi ». Et Jésus dit sa solution à lui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » ; les disciples ont dû être un peu surpris ! Sa solution, elle est facile à dire, mais comment faire ? Ils sont réalistes, eux : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons » ; cela pourrait aller pour une famille, peut-être, mais pour cinq mille hommes, c’est dérisoire. Ils ont raison, cent fois raison… à vues humaines. Mais pourtant, si Jésus leur dit cette phrase plutôt surprenante, ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras ; jamais Jésus ne cherche à mettre quiconque dans l’embarras : ils le savent bien ; s’il leur dit de nourrir eux-mêmes la foule, c’est qu’ils en ont les moyens. Alors ils ont l’idée d’une deuxième solution : nous pourrions « aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde ». C’est déjà beaucoup mieux ; ce n’est pas une solution de dispersion ; les disciples sont prêts à jouer les intendants, à se mettre au service de cette foule. Mais apparemment, cela ne convient pas encore : Jésus ne les laisse pas partir faire les courses. Visiblement, il a une autre solution ; il ne leur fait pas de reproche, il leur dit simplement : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante ». Il choisit donc la solution du rassemblement ; on peut remarquer cependant que si le règne de Dieu est un rassemblement, ce n’est pas une foule indistincte, c’est un rassemblement organisé ; une communauté de communautés, un rassemblement de communautés distinctes, si l’on préfère. Il « bénit » les pains : ce n’est pas un rite magique sur le pain ; c’est reconnaître le pain comme don de Dieu et lui demander de savoir l’utiliser pour le service des affamés. Reconnaître le pain comme don de Dieu, c’est tout un programme ; c’est très exactement le sens de la démarche de la préparation des dons à la Messe : ce que l’on appelait autrefois l’offertoire ; si la Réforme liturgique engagée au Concile Vatican II a remplacé le mot « offertoire » par cette expression « Préparation des dons », c’est pour nous aider à mieux comprendre de quoi il s’agit : ce n’est pas nous qui donnons quelque chose. Dans la formule « Préparation des dons », il faut entendre « Préparation des dons de Dieu ». Quand nous apportons à l’autel du pain et du vin qui sont symboliques de tout le cosmos et de tout le travail de l’humanité, nous reconnaissons que tout est don de Dieu : que nous ne sommes pas propriétaires de tout ce qu’il nous a donné (que ce soit notre avoir matériel, ou nos richesses de toute sorte, physiques, intellectuelles, spirituelles…) ; nous n’en sommes pas propriétaires, nous en sommes intendants : et ce geste répété à chaque Eucharistie va peu à peu nous transformer, et faire de nous réellement des intendants de nos richesses pour le bien de tous. C’est peut-être bien dans ce geste de dépossession que nous pourrions puiser l’audace des miracles : en disant à ses disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger », Jésus voulait leur faire découvrir qu’ils ont des ressources insoupçonnées… mais à condition de tout reconnaître comme don de Dieu. Encore une fois, quand Jésus dit « Donnez-leur vous-mêmes à manger », ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras : ils en sont capables, mais ils ne le savent pas, ou ils n’osent pas le croire. Si ce texte nous est proposé à nous, aujourd’hui, à notre tour, c’est que Jésus, devant les affamés du monde entier, nous dit aujourd’hui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Et nous aussi, comme les disciples, avons des ressources que nous ignorons. A condition de reconnaître nos richesses de toute sorte comme don de Dieu et de nous considérer, nous, comme de simples intendants. Encore faut-il nous souvenir d’une chose, nous l’avons vu un peu plus haut : en refusant la solution de dispersion de la foule imaginée par les disciples, Jésus nous montre que le Règne de Dieu ne s’accommode pas du « chacun pour soi ». Alors le lien entre cette multiplication des pains et la Fête du Corps et du Sang du Christ s’éclaire ; c’est l’évangile de Jean qui nous donne la clé : tandis que les trois évangiles synoptiques rapportent l’institution de l’Eucharistie, le soir du Jeudi Saint, avec, chez Luc, l’ordre du Seigneur « Vous ferez cela en mémoire de moi », Saint Jean, lui, raconte le lavement des pieds et la recommandation de Jésus : « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. » Ce qui veut dire qu’il y a deux manières indissociables de célébrer le mémorial de Jésus-Christ : non seulement partager l’Eucharistie mais aussi nous mettre au service des autres (service symbolisé par le lavement des pieds), c’est-à-dire, très concrètement, multiplier les richesses du monde pour les partager à tous les hommes.
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8 mai 2016
Evangile du dimanche 8 mai 2016 - Commentaires de Marie Noëlle Thabut Eglise Catholique.fr | Publié le 8 mai 2016 EVANGILE – selon Saint Jean 17, 20 – 26En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés,je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » Nous sommes à la fin du dernier entretien de Jésus avec ses apôtres quelques heures avant sa mort. L’entretien prend maintenant la forme d’une prière : il prie devant eux ; cela veut dire qu’il les fait entrer dans son intimité ; il leur fait partager ses désirs les plus profonds. Or de qui parle-t-il le plus dans sa prière ? Il parle du monde ; ce qu’il veut de toutes ses forces, c’est que le monde croie : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Un peu plus tard, il répète : « Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé ». Et pourquoi est-il si important que le monde reconnaisse en Jésus l’envoyé du Père ? Parce qu’alors seulement le monde saura combien Dieu l’aime. L’envoi de son Fils est la plus belle preuve d’amour que Dieu peut donner au monde : « Le monde saura que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » C’est bien le même Saint Jean qui rapporte la phrase de Jésus à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16). A relire ces lignes, on est frappés de l’insistance de Jésus sur les mots amour et unité ; une fois de plus, il faut reconnaître que l’histoire de Dieu avec les hommes est une grande aventure, une histoire d’amour. Dieu est Amour, il aime les hommes, et il envoie son Fils pour le leur dire de vive voix ! C’est bien ce que Jésus dira quelques heures plus tard à Pilate, au cours de son interrogatoire : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » (Jn 18, 37) Au moment de s’en aller, de passer de ce monde à son Père, comme dit Jean, Jésus transmet le témoin à ses disciples, et à travers eux à tous les disciples de tous les temps : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. » Désormais, c’est à eux que le témoignage est confié ; Jésus l’a dit quelques instants auparavant : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. » (Jn 17, 18). Il le leur redira le soir de Pâques : « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » (Jn 20, 21). Comme tous ceux qui, avant eux, tout au long de l’histoire biblique, ont été choisis par Dieu, ceux-ci sont choisis pour une mission ; et cette mission est toujours la même pour tous les prophètes de tous les temps : annoncer que Dieu aime les hommes. A la suite de Jésus-Christ, tout Chrétien peut dire ou devrait pouvoir dire : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Cette vérité qui est l’amour sans limites de Dieu pour l’humanité, ou, si vous préférez, ce fameux « dessein bienveillant » dont parle la lettre aux Ephésiens. Mais, voilà, il y a quand même une chose étrange dans tout cela : on peut se demander en quoi ce message est-il si dérangeant que Jésus l’ait payé de sa vie, comme de nombreux prophètes avant lui et ses apôtres ensuite. Jésus aborde précisément cette question dans les dernières phrases de notre texte de ce dimanche ; il dit : « Père juste, le monde ne t’a pas connu. » Pour lui, l’explication est là, c’est le drame de la méconnaissance. C’est cette méconnaissance de l’amour de Dieu qui est la racine du malheur de l’humanité, méditait déjà le livre de la Genèse. Et le prophète Isaïe notait : « Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître. Mais Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is 1, 3). C’est bien ce que Saint Jean dit dans le prologue de son évangile : « Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueilli. » (Jn 1, 10-11). Comme Jésus, les disciples vivront ce déchirement, ce drame du refus par ceux à qui ils annonceront pourtant la meilleure nouvelle qui soit. Le monde est l’objet de l’amour de Dieu et de ses prophètes mais aussi et en même temps le lieu du refus de cet amour. Jésus a exprimé ce drame à plusieurs reprises : d’une part, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique… Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (3, 16…17 ; 12, 47). D’autre part, « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier… (Mais) prenez courage, j’ai vaincu le monde ! » (15, 18 ; 16, 33). C’est sur ce cri de victoire qu’il nous faut rester : nous savons que le chant d’amour de Dieu pour l’humanité finira bien par être entendu. A l’instant même où Jésus fait cette grande prière, où il se confie ainsi à son Père devant ses disciples, il sait bien qu’il est déjà exaucé ; lui qui a dit : « Père, je sais bien que tu m’exauces toujours. » (Jn 11, 42). C’est seulement pour hâter le jour qu’il insiste tant sur la consigne d’unité qu’il donne à ses envoyés : « Qu’ils soient un en nous eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Jusqu’au jour où l’ange fera sonner sa trompette pour annoncer « Le royaume du monde est maintenant à notre Seigneur et à son Christ et il régnera pour les siècles des siècles. » (Ap 11, 15). 5 mai 2016
La fête de l’Ascension Chretiens aujourdhui.com L’Ascension est une fête pour les chrétiens. Célébrée 40 jours après Pâques, elle intervient toujours un jeudi. L’Ascension rappelle l’élévation de Jésus vers Dieu, son Père, après sa résurrection. Jésus n’est plus présent sur terre. Mais il n’abandonne pas les hommes pour autant et leur envoie une force, L’Esprit Saint, que l’on célèbre tout particulièrement lors de la Pentecôte. Depuis, les Chrétiens vivent sa présence à travers l’Eucharistie, qui est le rappel du dernier repas avant sa mort, où il partage le pain et le vin avec ses apôtres. Enfin, attention de ne pas confondre Ascension et Assomption. Cette dernière concerne en effet Marie, la mère de Jésus. 1er mai 2016
Evangile du dimanche 1er mai 2016 - Commentaires de Marie Noëlle Thabut Eglise Catholique.fr | Publié le 1er mai 2016 EVANGILE – selon Saint Jean 14, 23-29 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. » Commentaires Nous sommes dans les toutes dernières heures de la vie de Jésus, juste avant la Passion : l’heure est grave… on devine l’angoisse des derniers moments ; on la lit à travers les lignes, puisque, à plusieurs reprises, Jésus dit à ses disciples des paroles d’apaisement : « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés » ; au début de ce chapitre, déjà, il avait dit « que votre coeur ne se trouble pas » (v. 1). Ce long discours de Jésus a été interrompu par plusieurs questions des apôtres : des questions qui disaient leur angoisse, leur incompréhension. Mais, curieusement, lui, au contraire, reste très serein : ici, comme tout au long de la Passion, Jean nous décrit Jésus comme souverainement libre ; c’est lui qui rassure ses disciples et non l’inverse ! Il annonce lui-même ce qui va se passer : « Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, quand elles arriveront, vous croirez ». Non seulement il sait ce qui va se passer mais il l’accepte ; il ne fait rien pour se dérober. Il leur annonce son départ mais il le présente comme la condition et le début d’une nouvelle présence : « Je m’en vais et je reviens vers vous ». Ce « départ » sera interprété plus tard, après la Résurrection, comme la Pâque de Jésus ; le même Jean dit au chapitre 13 : « Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l’heure de PASSER de ce monde au Père »… Jean utilise volontairement ce mot, car on sait que Pâque veut dire « passage » : par là, Jean veut faire le rapprochement entre la Passion de Jésus et la libération d’Egypte qu’on revivait à chaque fête juive de la Pâque. Et donc, puisqu’il s’agit de libération, ce départ ne devrait pas plonger les apôtres dans la tristesse : « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père ». Phrase stupéfiante pour les disciples : eux ils voient leur maître, celui qu’ils suivent depuis plusieurs mois, devenu un homme traqué par les autorités religieuses : c’est-à-dire les responsables, ceux à qui on fait confiance pour ce qui concerne les choses de Dieu, ce qui est bien le tout de la vie quand on est juif. Ce sont ces autorités qui, au nom de Dieu justement, sont les pires opposants à Jésus. Et ils ont de bonnes raisons, il faut le dire : depuis des siècles, la grande découverte du peuple élu, et par révélation de Dieu lui-même, c’est que Dieu est unique ! « Ecoute Israël ! Le SEIGNEUR ton Dieu est le Dieu UN ». Et tous les prophètes ont lutté pour maintenir cette foi contre vents et marées. Et ce Dieu unique, il est à la fois le Dieu proche de l’homme ET le Dieu Tout-Autre, le Saint. Jésus, lui, prêche bien un Dieu proche de l’homme, et spécialement des plus petits… Mais il se prétend Dieu lui-même : aux yeux des Juifs, c’est un blasphème caractérisé, c’est faire offense au Dieu unique, au Dieu Tout-Autre. Dans notre texte de ce dimanche, Jésus insiste sur le lien qui l’unit à son Père : nommé cinq fois dans ces lignes ! Et il va jusqu’à parler au pluriel : « Si quelqu’un m’aime… NOUS viendrons chez lui, NOUS irons demeurer chez lui ». Et ce n’est pas la première fois qu’il a ce genre de propos : un peu avant, à Philippe qui lui demandait « Montre-nous le Père » il a tranquillement répondu « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). Ici, il dit encore : « La parole que vous entendez n’est pas de moi, elle est du Père qui m’a envoyé ». Autrement dit, il est l’Envoyé du Père, il est la parole du Père. Et, désormais, c’est l’Esprit Saint qui fera comprendre cette parole et qui la gardera dans la mémoire des disciples. La clé de ce texte est peut-être dans le mot « parole » : le mot revient ici plusieurs fois et si on se rapporte à ce qui précède, il n’y a pas de doute possible ; cette parole qu’il faut absolument garder, c’est le « commandement d’amour » : « aimez-vous les uns les autres », ce qui revient à dire « mettez-vous au service les uns des autres » ; et pour bien se faire comprendre, Jésus a lui-même donné un exemple très concret en lavant les pieds de ses disciples. Etre fidèle à sa parole, c’est donc tout simplement se mettre au service des autres. Et, finalement, le texte d’aujourd’hui : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole » peut donc se traduire : Si quelqu’un m’aime, il se mettra au service de ses frères… Celui qui ne m’aime pas ne se mettra pas au service des autres… Inversement, si je comprends bien, celui qui ne se met pas au service des autres n’est pas fidèle à la parole du Christ ! Et, du coup, nous comprenons mieux le rôle de l’Esprit Saint : c’est lui qui nous enseigne à aimer, il vous fait souvenir du commandement d’amour. Mais pourquoi Jésus l’appelle-t-il le Défenseur ? Nous savons bien que nous n’avons pas besoin de défenseur contre Dieu ! L’Esprit Saint est notre « Défenseur », parce que, réellement, il nous protège, mais contre nous-mêmes… Car notre plus grand malheur est d’oublier que l’essentiel consiste à nous aimer les uns les autres, à nous mettre au service les uns des autres. Très concrètement, nous avons vu le Défenseur à l’œuvre dans la première communauté au moment de ce que l’on appelé le premier concile de Jérusalem (qui était l’objet de notre première lecture) : vous vous souvenez des difficultés de cohabitation entre les Chrétiens d’origine juive et les Chrétiens d’origine païenne. Evidemment l’Esprit d’amour a soufflé aux disciples du Christ la volonté de maintenir à tout prix l’unité. |
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