A ma mère, Rosette René Lafleur - Depuis 8 ans qu'elle est partie.. le 10 novembre 201010 novembre 2018
A ma mère, Rosette René Lafleur - Depuis 8 ans qu'elle est partie.. le 10 novembre 2010 Par La Rédaction du Blog d'Edwidge- Chaque perte est unique, chaque deuil un chemin singulier. Tel, le départ de ma mère le 10 novembre 2010. Au début j’ai bien cru perdre ma voix, la parole et la mort sont comme deux personnes qui voudraient entrer dans une pièce en même temps et se gênent, demeurent bloquées sur le seuil. Au début le départ de ma mère prenait plus de place - en fait occupait toute la place - et je ne pouvais pas en parler. Ensuite j’ai compris qu’il fallait éviter comme la peste tout ce que je croyais ou pensais croire à ce sujet, tous les mots convenus sur la douleur et la nécessité de revenir à la réalité d'un mode de vie "rationnel". Au fil de ces huit ans depuis ton départ , Rosette, j’ai compris que, comme pour la vie, il fallait ne parler du départ d'un être cher que comme on parle d’un amour - voix douce, voix folle, en ne choisissant que des mots faibles accordés à la singularité de cette personne, à la douceur de cet amour-là. Et depuis, j'ai tout particulièrement aimé ce poème de Charles Péguy: La mort n’est rien La mort n’est rien, je suis simplement passé dans la pièce à côté. Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, Nous le sommes toujours. Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné, Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait, N’employez pas un ton solennel ou triste, Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble, Priez, souriez, pensez à moi, Que mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été, Sans emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre, La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié, Elle est ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé, Simplement parce que je suis hors de votre vue. Je vous attends. Je ne suis pas loin. Juste de l’autre côté du chemin. Vous voyez : tout est bien. J'ai aussi réalisé que: Les larmes les plus amères versées sur les tombes tiennent aux paroles passées sous silence et aux actions restées inaccomplies. Lillian Hellman- et aussi que: En nous, il y a à la fois la blessure de l’absence et le mystère de la présence. Il y a le jamais plus de la séparation et le toujours de l’affection. Il y a la dureté de la rupture et la douceur de la reconnaissance. Francine Carrillo- En conclusion: "Je suis certain que la mort ne change pas le cours des affections qui nous dépassent, et que certaines tendresses sont par nature faites pour durer plus longtemps que nous. Je crois que ceux qu'on a assez violemment aimés nous habitent, nous parlent; on ne peut plus les perdre... La mort les éloigne sans les détruire ; il faut faire un nouvel effort pour les rejoindre ou pour les attendre, mais l'amour est une chose exigeante." Nicolas Bouvier, L'usage du monde
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