5 juin 2015 Perdre le goût de la sexualité? L'Express.fr - Blog | Publié le 3 juin 2015 Par Dominique Mallié Longtemps on s’est frottées à la peau des hommes sans se poser trop de questions: la sexualité faisait partie de notre vie, on était jeunes, on aimait par tous les pores de la peau, c’était un temps où on faisait l’amour sans peur. On a fait des enfants ou pas, on a eu des histoires d’amour qui étaient aussi des histoires de sexe, des histoires sexuelles sans trop d’amour, une grande histoire d’amour, plusieurs parfois, un mari, des amants et tout ça sans trop y penser; les » PERIODES SANS » étaient des parenthèses, elles se refermaient, s’ouvraient, c’était la vie. Et puis les années sont passées, les divorces, les grands moments de solitude affective, on les a traversés , on les traverse encore pour certaines d’entre nous. Ecrire un billet sur l’absence de sexualité, c’est permettre à toutes celles qui vivent cela, cette mise sous silence du corps de prendre la parole, de dire ce qui est parfois une souffrance, parfois un choix, parfois une évolution de la vie de couple dont on s’accomode bon an, mal an. Trente ans de mariage, ça fait quoi? On a connu Pierre à vingt ans. Des projets plein la tête, une famille à construire; rapidement on est passés du stade de couple amoureux à celui de parents, du statut d’étudiants à la vie active. Stressés par le rythme, on s’est un peu perdus de vue. Fatigués, le soir, on avait parfois qu’une envie : s’endormir vite fait pour être à peu près en forme le lendemain. Les soucis du quotidien sont venus s’ajouter à tout cela et peu à peu, la sexualité s’est retrouvée à une place négligeable, le samedi soir, puis lentement, une fois par mois, puis moins encore, puis plus ..Sans qu’on en soit malheureuses, c’était simplement une autre étape. On aurait pu avoir, alors, l’imagination pour relancer la machine, mais » A quoi bon? », on vivait sans et c’était pas si mal, l’esprit ailleurs, mobilisées par les enfants, le travail. Aujourd’hui que les enfants sont grands, on se retrouve devant notre compagnon, dans une forme de relation nouvelle et avec ce vide sexuel; plus amis qu’amants… Pour beaucoup, c’est l’heure du bilan et à la crise de la quarantaine vient s’ajouter celle de la cinquantaine : peut-on envisager les années à venir sans sexualité alors même que ce qui était devenu » le ciment » du couple : les enfants, le travail , sont moins d’actualité, moins dans la présence? Les cinquantenaires et plus parlent : elles disent la difficulté de se retrouver devant un homme qui ne les voit plus comme une femme, et la difficulté qu’elles ont de désirer celui qui les accompagne depuis tant d’années, le renoncement à la séparation parfois devant les vicissitudes de la vie en solo, et au final l’acceptation d’une situation qui sans être vraiment douloureuse reste peu épanouissante . Le célibat des cinquantenaires Et puis il y a toutes celles qui sont seules . Toutes celles qui ont cherché à refaire leur vie après un divorce tardif, un deuil, ont erré sur les sites de rencontres, ont essayé de continuer en fait leur vie. La sexualité qui avait été mise sous silence dans la vie de couple, cause de la rupture parfois, s’est retrouvée alors au premier plan . Dans une société hypersexualisée, une société de la performance, il leur fallait, de nouveau , s’envoyer en l’air joyeusement, faute de quoi, elles seraient « finies » et ne trouveraient plus de compagnon . Mais voilà, le goût de la séduction s’est parfois délité voire a été oublié : certaines ne savent plus faire, et même n’ont plus envie de tenter le coup. Comme on s’habitue aux compliments, elles se sont habituées à l’abstinence et ont fini par transformer la chose, pour qu’elle soit vivable, en revendication . L’absence de sexualité devenant un choix avec lequel elles se sentent à l’aise, un silence du corps assumé au profit souvent d’activités diverses qui toutes ont l’intérêt de permettre un épanouissement personnel, un recentrage parfois. La tendresse dont nous avons tous besoin, elles l’ont reportée sur les enfants, les petits enfants, les amis, les amies, les animaux de compagnie parfois . L’image de soi On se regarde dans un miroir, on cherche les signes de l’âge : bien sûr que le corps change, les seins tombent un peu plus, la fesse devient un peu ramollo, la peau plus flasque, la silhouette s’alourdit … Le miroir vient confirmer ce qu’elles pensent d’elles : elles ne sont plus désirables . Il s’agit de retrouver la confiance et la bienveillance sur soi . Parfois, cette réconciliation passe par la thérapie, parfois elle se fait au travers d’échanges avec d’autres femmes, dans le vrai des échanges. Et puis un jour comme il était parti, le DESIR revient , on ne sait pas trop comment, on y pensait plus en fait, occupées de milles choses, il nous surprend de nouveau. Ca faisait quoi ? quatre ans, dix ans que ça n’était pas arrivé d’être émue par un homme, de ressentir ce petit frisson fripon qui annonce un renouveau . Et l’amour qui se rit des rides, de la cellulite, surgit de nouveau ; de nouveau on se sent conquérantes, jolies dans nos rires de complicité avec un amoureux et peu importe si ça dure ou pas, c’est plein de tendresse, on aura franchi une étape : celle de nos retrouvailles avec nous-mêmes, comme un souffle de la vie qui repart car être désirant n’est-ce pas être vivant ? Dominique Mallié
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