17 octobre 2013 Dette, budget : victoire aux points d’Obama Par Karl de Meyer | 17/10 | 06:27 | mis à jour à 06:58 Le Sénat et la Chambre des Représentants ont voté cette nuit pour la réouverture des services fédéraux et la capacité du Trésor à emprunter. Les républicains promettent de continuer à contester l’Obamacare. Le premier shutdown de l’Etat fédéral américain depuis 1996 aura duré seize jours. Le Congrès a mis fin cette nuit à la crise politique sévère qui a provoqué le chômage technique de centaines milliers d’Américains, employés fédéraux ou travaillant dans des organisations ou des entreprises dépendantes des fonds publics. Et qui menaçait de porter un rude coup à l’économie américaine toute entière. Le Sénat a voté le premier, par une écrasante majorité de 81 à 18. La Chambre des Représentants a suivi, par une majorité de 285 à 144. Les textes approuvés ont été élaborés et rédigés cette semaine par les leaders républicains et démocrates du Sénat, la Chambre s’étant montrée incapable d’arriver un compromis en fin de semaine dernière. Ils accordent au Trésor la possibilité d’emprunter jusqu’au 7 février et prévoit la réouverture, jusqu’au 15 janvier des services fédéraux, dont certains, dits non-essentiels, sont fermés depuis le 1er octobre. Ils prévoient aussi la création d’une commission chargée d’étudier les moyens de réduire le déficit budgétaire sur les dix ans qui viennent. La loi d’assurance-santé dite Obamacare est quasiment intacte, le texte ne faisant que durcir les procédures de contrôle des revenus des Américains qui demandent des subventions pour leur couverture santé. Dans l’ensemble, l’accord d’hier marque une victoire très claire pour Barack Obama et le camp démocrate. A Washington, l’ambiance était toutefois au soulagement, alors que ces seize jours de crise ont révélé les dysfonctionnements criants de la machine parlementaire et terni l’image des Etats-Unis sur la scène internationale. Barack Obama a dû annuler plusieurs déplacements en Asie, laissant ainsi toute latitude à Pékin pour déployer sa diplomatie. Le président, qui a signé le texte dès son arrivée à la Maison Blanche, a indiqué qu’il fallait au pays « perdre l’habitude de se gouverner à coups de crise ». Le Congrès avait connu une crise semblable en 2011, déjà sur le thème du relèvement du plafond de la dette. Mais, à l’époque, les parlementaires avaient évité le shutdown, à un cheveu. Cette nuit, la pression était énorme au Congrès, car le Trésor ne pouvait emprunter que jusqu’à aujourd’hui, et ne pouvait plus ensuite assurer le fonctionnement de l’Etat qu’en comptant sur ses réserves – autour de 30 milliards de dollars. Wall Street a clôturé hier en hausse. Il apparaissait déjà, en fin de séance, que le Congrès s’acheminait vers un accord. L’Obamacare toujours en ligne de mire pour les républicains Les républicains admettent avoir perdu une bataille, mais pas la guerre. John Boehner, le président républicain de la Chambre des Représentants, après avoir indiqué qu’il acceptait l’accord du Sénat sur la réouverture des services fédéraux et le plafond de la dette, sans modification substantielle de l’Obamacare, a toutefois mis en garde les démocrates : « la Chambre des Représentants s’est battue de toutes ses forces pour convaincre le président des Etats-Unis d’engager des négociations bipartisanes pour traiter le problème de la dette de notre pays et assurer l’équité pour le peuple américain sous la loi Obamacare. Ce combat va continuer. » Le Sénateur Ted Cruz, du Texas, a lui aussi confirmé qu’ « il ne servirait à rien de différer le vote d’un ou deux jours, le résultat serait le même ». Mais visiblement le camp républicain n’a pas abandonné son objectif de mettre à mal, voire de démanteler la loi sur l’assurance-santé. Le Représentant républicain Charlie Dent est visiblement motivé pour poursuivre le combat. « Y a-t-il eu des pertes à court terme » pour le parti républicain ? « Oui », a-t-il concédé. « Y a-t-il des pertes à long terme ? Nous verrons bien ». Voilà qui promet pour les mois à venir. Les Républicains, qui se sont laissé prendre en otage par la frange la plus droitière du parti, ont voulu se servir du budget 2014 et du relèvement du plafond de la dette comme levier pour obtenir le démantèlement au moins partiel de l’Obamacare. Mais les démocrates ont fait bloc autour de la loi-phare du premier mandat de Barack Obama et n’ont pas cédé. Les Républicains ne peuvent guère se réjouir que d’une chose : avoir sauvegardé les niveaux de dépense prévus par le « séquestre » entré en vigueur en mars. Mardi, deux propositions de loi élaborées par les Représentants ont capote avant même d’être soumises au vote. Elles n’avaient pas le soutien d’un nombre suffisant de conservateurs. Leur échec a souligné la division du camp républicain entre les modérés, qui voient leur parti plonger dans les sondages, et des jusqu’au-boutistes qui refusaient encore d’admettre qu’ils ont perdu la bataille de l’Obamacare. Le sénateur républicain Lindsey Graham, élu de Caroline du Sud, proche du leader de la Chambre, John Boehner, a reconnu que son camp est allé « trop loin » et « a merdé ». Il n’a pas non plus mâché ses mots à l’encontre des démocrates, dont l’intransigeance va selon lui laisser des traces dans de futures négociations : « n’auraient-ils pas pu, dans l’intérêt de la nation, céder un peu de terrain ? ». Depuis mardi, il est clair en tout cas que John Boehner n’a plus le contrôle du groupe conservateur à la Chambre. Il a indiqué hier que le combat des Républicains contre l’Obamacare continuerait, sous d’autres formes. BUREAU DE NEW YORK Écrit par Karl de MEYER Correspondant à New York [email protected]
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