Les États-Unis face au chômage massif31 mars 2020
Les États-Unis face au chômage massif Le Figaro.fr | Publié le 31 mars 2020 Par Pierre-Yves Dugua Des chiffres vertigineux. Entre 3 et 4 millions d’Américains supplémentaires pourraient s’inscrire au chômage cette semaine après les 3,3 millions de la semaine dernière, soudainement privés d’emploi. Les projections les plus pessimistes de la Réserve fédérale de Saint-Louis portent à 47 millions le nombre de chômeurs possibles, si l’arrêt délibéré de l’économie ordonné en raison de mesures sanitaires se prolonge. La population active aux États-Unis est évaluée à quelque 160 millions de personnes. Le scénario catastrophe porterait donc le chômage autour de 30 %. En février il était encore de 3,5 %. Les chaînes de grands magasins par exemple ne font pas partie des entreprises qui recevront en priorité des aides, aux termes de la loi de sauvetage de l’économie américaine adoptée la semaine dernière. À la différence de compagnies aériennes ou de sociétés aéronautiques, elles ne sont pas considérées comme critiques pour la sécurité nationale. Face à l’évanouissement de leur clientèle, désormais confinée et dont les revenus s’effondrent, certains qui disposent de trésoreries relativement solides préfèrent pour l’instant payer leurs employés bien que leurs magasins soient fermés. Nike et Lululemon Athletica sont dans ce cas. "Plus l’employeur est grand, meilleures sont les chances qu’il embauche à nouveau dès que l’activité reprendra." En revanche d’autres comme Macy’s, Gap ou Kohl’s, mettent à pied, à contrecœur, des dizaines de milliers de leurs employés. On estime que plus de 500.000 se retrouvent dans cette situation. Plus l’employeur est grand, meilleures sont les chances qu’il embauche à nouveau dès que l’activité reprendra. Peu connues en Europe, certaines de ces enseignes déjà en difficulté en raison de l’engouement pour les achats en ligne, pèsent encore lourd. Macy’s par exemple employait encore quelque 125.000 personnes avant la crise dans plus de 800 magasins. Kohl’s pour sa part employait plus de 100.000 personnes dans quelque 1000 magasins. Trésoreries menacées Il y a seulement un mois, leur gros problème était de fidéliser de la main-d’œuvre qualifiée. Les voilà aujourd’hui contraintes de se séparer de leur personnel. Les moins fragiles pour l’heure, comme Macy’s, continuent de payer une partie des cotisations d’assurance-maladie des salariés qu’elles ne peuvent plus conserver. Mais si le choc du coronavirus ne dure que quelques semaines, cette bouée de sauvetage peut compléter les indemnités chômage que chaque personne doit elle-même solliciter. En revanche, si la crise se prolonge cet été, la trésorerie de ces distributeurs ne permettra pas de prolonger ces avantages sociaux. On note que Gap va jusqu’à piloter ses propres employés mis à pied vers des postes brusquement proposés par des enseignes de la grande distribution, comme Walmart. Le plan massif de sauvetage de l’économie adopté par le Congrès la semaine dernière comprend certes des incitations fiscales pour que le moins d’entreprises possible licencient. Mais bien souvent cela ne suffit pas pour surmonter la disparition des ventes qui accable tant de commerçants. Là encore, l’espoir de l’enseigne d’articles vestimentaires est que le choc du confinement passé, la situation redeviendra progressivement normale, et les bons employés reviendront vers elle. "Les employeurs pourront profiter de garanties de prêts bancaires s’ils utilisent ces fonds pour payer leur personnel, leurs factures d’électricité, de chauffage et d’assurance" Pour les rares entreprises qui recevront des aides directes non remboursables, comme les compagnies aériennes, les conditions sont plus strictes: elles devront conserver leurs effectifs au niveau de la mi-mars. En ce qui concerne les entreprises de moins de 500 employés, le dispositif imaginé par le Congrès est censé là aussi, limiter les licenciements: les employeurs pourront profiter de garanties de prêts bancaires s’ils utilisent ces fonds pour payer leur personnel, leurs factures d’électricité, de chauffage et d’assurance. Les paiements et remboursements peuvent être repoussés pendant un an, voire annulés selon certaines conditions. Une enveloppe de 350 milliards de dollars a été mise en place pour ce programme. Il faudra peut-être aller plus loin. Les leaders du Congrès y réfléchissent déjà car les petites entreprises sont le moteur de l’économie: 31 millions d’entre elles emploient 59 millions d’Américains. Des «mises à pied» temporaires plutôt que des licenciements Des millions d’Américains se retrouvent brusquement sans emploi. Mais tous ne sont pas licenciés pour autant. Lorsque l’entreprise compte, non pas déposer son bilan, mais renouer avec une activité plus normale d’ici quelques semaines, elle essaye d’abord de mettre à pied temporairement son personnel. C’est ce que l’on appelle le «furlough» en anglais. Au bout d’une semaine, ce statut n’empêche pas la perception d’indemnités de chômage. Les grandes enseignes de la distribution par exemple tentent cette option en espérant qu’en mai, les consommateurs reviendront. Les chaînes d’hôtels (Marriott International, Hilton Worldwide Holdings, Hyatt) procèdent de même. Plus la formation du personnel est coûteuse, plus le «furlough» est préférable.
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