Et avec tout cela, Trump peut-il encore gouverner ?10 juin 2017
Et avec tout cela, Trump peut-il encore gouverner ? Le Point.fr | Publié le 10 juin 2017 | 12:00 Par Michel Colomès Ce fut un spectacle digne d'une série télévisée. Aussi passionnant que les meilleurs épisodes de House of Cards. D'ailleurs, les téléspectateurs américains ne s'y sont pas trompés qui se sont rassemblés devant leurs écrans en aussi grand nombre que lors de la soirée du Super Bowl. Pourtant, l'audition devant la commission de renseignement du Sénat de la vedette du jour, James Comey, l'ancien patron du FBI, prestance de héros de cinéma, absence totale d'émotion, self contrôle assuré, pour dramatique qu'elle ait été dans sa théâtralité démocratique, n'a pas vraiment apporté d'éléments nouveaux au dossier de l'enquête russe. Sauf une confirmation assénée avec un calme glacial par celui que Donald Trump a limogé parce qu'il demandait de nouveaux moyens pour enquêter sur les intrusions de Moscou. Oui, les Russes ont bien cherché à déstabiliser le processus électoral américain par leurs piratages informatiques. Oui, le pouvoir russe au plus haut niveau est responsable de cette intrusion. Oui, il s'agit d'un acte hostile. Oui, cela recommencera. Mais, en revanche, non, dit-il, il ne m'appartient pas de juger si le président a cherché à faire obstruction à la justice en me suggérant de relâcher la pression sur Michaël Flynn qu'il avait nommé à la tête du Conseil national de sécurité. L'ancien patron du FBI laisse ce jugement à qui de droit. C'est-à-dire au procureur spécial nommé il y a quelques semaines. Le président des États-Unis a été, pendant toute une après-midi, accablé, accusé de « diffamation », de « mensonges » , de « comportements dérangeants » par un des plus hauts fonctionnaires de l'administration américaine. Mais il sort de cet épisode sans procédure juridique lancée à son encontre. Les nuages s'accumulent, mais il est toujours en capacité juridique de gouverner son pays. 427 postes sur 558 attendent encore leur candidat Seulement le fait-il après six mois à la Maison-Blanche ? En dépit des apparences et des coups d'éclat, la plupart médiatiques, qui jalonnent ce qu'il voudrait être son action, il n'a pas fait grand-chose. Ou plutôt ce qu'il a dit ou promis n'a pas été suivi de beaucoup d'effets. Parce que la Maison-Blanche, depuis le départ de l'équipe d'Obama, n'est pas un vrai corps constitué. C'est un squelette auquel il manque la capacité d'agir. Celle que relaient les hauts fonctionnaires à la présidence comme dans les ministères nommés par le nouveau pouvoir selon la tradition américaine. Or à ce jour sur 558 postes dont les titulaires doivent recevoir l'approbation du Sénat, 427 attendent encore leur candidat. La raison en est certes que les affaires tournant autour de l'enquête sur les intrusions russes ou les tensions provoquées par les tweets incontrôlés de Trump sur l'Otan, le Qatar, l'immigration, le climat, etc. ont été particulièrement chronophages et n'ont pas laissé beaucoup de temps pour trouver des postulants qui franchiront l'obstacle des fourches caudines du Sénat. Mais il faut ajouter à cela la grande difficulté dans laquelle se trouve l'équipe de la Maison-Blanche de dénicher des candidats pour entrer dans une administration où il y a beaucoup de coups à prendre – y compris éventuellement devant les tribunaux – et bien peu de satisfactions à attendre. Or, faute d'avoir des numéros deux ou trois, capables de mettre en musique la partition que le président où les ministres ont écrite, quantité d'initiatives ne sont suivies d'aucun effet. Exemple au département d'État, Rex Tillerson a un adjoint, John Sullivan, mais aucun sous-secrétaire d'État régional. Du coup, les visites récentes de Trump et de Tillerson au Japon ou en Corée du Sud n'ont eu aucun lendemain, en dépit de la situation dangereuse provoquée par la Corée du Nord. Il n'y a en effet aujourd'hui aucun sous-secrétaire pour l'Extrême-Orient ou le Pacifique. À l'évidence, il va falloir que le Congrès se décide : soit à laisser le président gouverner normalement, soit à précipiter son éviction. Mais dans les deux cas, il est urgent de ne pas attendre.
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