Soirée hommage à Toto Bissainte : un moment de retrouvailles et de convivialité12 février 2020
Soirée hommage à Toto Bissainte : un moment de retrouvailles et de convivialité Le National.org | Publié le 11 février 2020 Par Prince Guetjens De son vivant Toto faisait déjà partie de notre patrimoine culturel. Ce qui est plutôt rare pour un artiste, quel qu’il soit. La disparition de cette grande dame de la musique populaire haïtienne laisse un vide inexorable dans le cœur de ses nombreux fans. Et, comme je m’y attendais le gratin de la diaspora artistique de New York et certaines pointures de Port-au-Prince avaient fait le déplacement ; Makini, Vidho, Jensen Desrosiers, Jasmine, Célestin, Brunette Joseph, Emmeline Michel, Pauline Jean, Mélanie Charles, Richard Barbot, qui inaugure une exposition de ses dernières peintures, lundi prochain à New York, pour ne citer que quelques noms. Ils étaient là pour dire merci, pour l’héritage laissé par celle qui chantait en haïtien (créole) les textes impertinents de Léo Ferré et adaptait des airs Vodou, Papaloko, Soufle-Van, Papa Danbalah, pilier central dans le répertoire de Toto vers sa quête de liberté, dans une société encore coincée entre digues des préjugés de toute sorte. Vingt-six ans déjà (juin1994) que cette étoile s’est éteinte. Chaque note de sa voix vibrait dans cette salle où elle n’était pas. C’est comme si elle tentait tout à coup de briser le silence pour surprendre, ses fans, comme à son habitude. Cette soirée hommage ; instant de retrouvailles et de convivialité, a permis au public de redécouvrir, cette belle richesse humaine et artistique. L’événement a débuté en ce début de soirée plutôt froid du 7 février, au numéro 18 Whitwall PL, Brooklyn NY, avec une exposition de photo dirigée par la fille de Toto Bissainte Milena Sandler et Joel Widmaer. Ensuite a pris place, une solide formation musicale dirigée par le guitariste chanteur Monvelyno Alexis, avec Bobby Raymond à la basse, Markus Schwartz aux tambours, Hiroyuki Matsuura à la batterie, Frédéric Las Fargeas au piano, exécutant une nappe de support pour exposer trois talentueuses voix : Riva Précil, Natalie Joachim (2020 nominated World Music) et Talie Cérin. Lumière tamisée, dans un décor kitsch d’un ancien hangar recyclé en lieu de spectacle, les paroles, glissant sur des mélodies, portées par les interprètes évoluaient comme sur des nuages, presque en apesanteur dans des arrangements neufs. Et, comme c’est souvent le cas, Papa Danbalah l’a emporté sur les autres titres. Le public a été gâté. Il se laissait aller sur des morceaux qu’il connaissait, mais habillés d’une autre manière. L’arrangeur permet à chaque fois aux musiques de connaitre une nouvelle vie. Le travail réalisé par Monvelyno Alexis en ce sens est à féliciter. Il parait que l’explication de la jouissance que procure l’écoute de certains tubes viendrait d’un savant dosage d’incertitudes et de surprise. Ce n’est plus un secret pour personne que la plupart des gens dans un concert ne disposent pas d’outils académiques pour une appréciation musicale raisonnable. Il n’empêche pas cependant qu’ils puissent réagir à un changement porté dans une musique quelconque. C’est pourquoi que la satisfaction est très élevée dès lors que les accords surprennent les auditeurs au moment de l’exécution où ils s’y attendent le moins. Le plaisir éprouvé à l’écoute d’une musique serait donc lié avant tout aux efforts permanents du cerveau pour s’adapter aux surprises que réserve chaque morceau. (Vincent Cheung et al 2019) D’autres dates sont annoncées dans le cadre des activités de Haiti Cultural Exchange pour le mois de février 2020, et d’autres hommages sont attendus à New York pour Manno Charlemagne, Georges Castera et Rodrigue Millien dans les mois à venir.
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