26 novembre 2014
Échos de diaspora : quand Haïti vibre de toutes ses cordes Le Point - Afrique.fr | Publié le 26 novembre 2014 à 11h11 Par Christo Merisma Dans la ville-lumière, Haïti et certains de ses illustres enfants ne ménagent pas leur peine pour nous faire partager leur chemin d'art. Parcours. Après l'attribution du prix Fémina à l'écrivaine d'origine haïtienne Yanick Lahens, l'exposition "Haïti deux siècles de création artistique" vient de s'ouvrir au Grand Palais, et autour d'elle une série d'événements pour aller à la rencontre de la créativité haïtienne. L'Académicien Dany Laferrière est de la partie Le 26 novembre, Dany Laferrière, académicien français, s'entretient avec Mario Benjamin, plasticien, qui vit à Port-au-Prince et expose par ailleurs des toiles récentes à la Maison Revue Noire. Le premier salon du livre haïtien est organisé à Paris par les éditions Zellige et la librairie Le Divan, les 29 et 30 novembre, et bien d'autres événements encore. Avec toutes ces actualités, novembre 2014 est incontestablement le mois de la célébration de la culture haïtienne à Paris. Un pan d''histoire d'Haïti à travers L'armée indigène... de Le Glaunec Novembre représente tout un symbole dans l'histoire de la naissance de la République d'Haïti. Il y a 211 ans, un 18 novembre, les anciens esclaves de la plus riche colonie française gagnaient leur indépendance au terme de la bataille épique de Vertières. Infligeant ainsi à Napoléon Bonaparte sa première défaite militaire. C'est cette histoire franco-haïtienne trop souvent occultée que le professeur canadien Jean-Pierre Le Glaunec analyse dans son ouvrage intitulé L'armée indigène, la défaite de Napoléon en Haïti (Lux éditeur, Québec) qui fera l'objet d'une présentation au ministère des Outre-Mer, le 26 novembre. La revue Intranqu'îllités séduit Pierre Soulages Dans ce contexte, le titre de la revue Intranqu'îllités, dont le troisième numéro a fait l'objet d'une présentation à la Maison de la Poésie, semble prendre tout son sens. Cette revue a été lancée il y a trois ans depuis Haïti par le jeune et non moins talentueux poète James Noël, en collaboration avec la plasticienne Pascale Monnin. Ce titre audacieux est défini comme "une manière, une astuce pour apostropher tous les imaginaires du monde, pour pénétrer les interstices et naviguer dans l'air/ère d'une île-monde". Transgenre, la revue fait intervenir écrivains, poètes, musiciens, slameurs, peintres, photographes, journalistes d'Haïti et d'ailleurs pour réaliser ce "beau rêve déguisé en revue" qui a vu ses contributeurs passer de quarante pour le premier numéro à deux cents pour le troisième, qui vient de sortir, distribué par les éditions Zulma. Cette initiative a été jusqu'à séduire l'artiste Pierre Soulages, réalisateur de l'élégante couverture de ce dernier numéro. Le premier numéro portait sur Jacques Stephen Alexis, l'un des pères fondateurs de la littérature haïtienne, le second s'intéressait aux figures de Jorge Luis Borges et d'Ernesto "Che" Guevara, ce numéro trois est, lui, consacré à Christophe Colomb. L'immense René Depestre nous y offre des pages inédites sur l'importance des femmes dans l'histoire de l'explorateur, et voisine avec l'incontournable et aujourd'hui immortel Dany Laferrière, d'autres fines plumes originaires d'Haïti, dont Yanick Lahens, Frankétienne, Gary Victor, Louis Philippe Dalembert, Mackensie Orcel, les regrettés Jean Metéllus et Mimi Barthelemy ; et d'ailleurs, à l'instar de Marie Darrieussecq, Vénus Kourhy-Ghata, Nimrod, Elena Paz, Paul de Brancion, Gael Faye, Julien Delmaire et Edgar Sekloka. Un beau moment de partage à la Maison de la Poésie C'est tout ce microcosme qui était à l'honneur au Passage Molière (Maison de la Poésie) le 20 novembre. Le spectacle a commencé comme une séance au cinéma avec la projection d'un court-métrage mettant en scène James Noël, mais le bruit du pop-corn dans ce contexte aurait fait l'effet d'un sacrilège. Par la suite, pas moins de dix-neuf contributeurs d'Intranqu'îllités n°3 ont défilé sur scène pour la lecture de quelques-uns des plus beaux textes contenus dans le recueil. Performances de haut niveau, certaines par leur lecture expressive traduisant les émotions des textes à la perfection, d'autres par leur voix au service de la puissance de l'écriture, le tout était savamment accompagné d'images et d'effets sonores produits sur scène par l'excellent musicien Karim Touré. Ce savoureux cocktail a su faire vibrer les coeurs et les esprits des spectateurs du rire aux larmes. Des éclats de rire se sont fait entendre pendant la lecture par Paul de Brancion de son propre texte superbement ironique Admirable amiral de la mer. Le texte osé de James Noël, Voyage en pays chaud, a fait rougir plus d'une personne dans la salle. La barque ouverte de Édouard Glissant a provoqué quelques sanglots. Le chanteur haïtien James Germain s'est quant à lui directement adressé à nos âmes par l'intermédiaire de son organe vocal hors du commun. Ce dernier sera au Grand Palais le 6 décembre. La fête a continué à la Maison de la Poésie le lendemain (21 novembre) avec le spectacle musical "James chante James" pendant lequel le chanteur James Germain et James Noël ont croisé leur style respectif, le chant et la poésie. Et ce n'est que le début d'une dynamique culturelle "intranquille" qui agite Paris, mais encore Bruxelles, et qui reflète une Haïti qui bouge. Notamment à travers la réalisation de grands projets pour relancer l'industrie du tourisme, la fabrication et l'exportation de produits high-tech 100 % haïtiens et une coopération renforcée avec les pays d'Afrique dans le cadre d'une perspective d'adhésion définitive d'Haïti à l'Union africaine. L'actuel engouement pour l'art haïtien constitue une fenêtre par laquelle le monde peut percevoir Haïti sous un angle différent des clichés misérabilistes qui nous en sont proposés habituellement.
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