31 août 2016
Républicains de coeur, ils choisissent pourtant Hillary Clinton L'Opinion.fr | Publié le 31 août 2016 Ils sont républicains et voteront pour la candidate démocrate à l’élection présidentielle américaine du 8 novembre. Non par conviction mais par rejet de la candidature de Donald Trump, l’homme qui, selon eux, a trahi le parti d’Abraham Lincoln. Ce vote contestataire au profit d’Hillary Clinton pourrait faire la différence dans les États les plus disputés. Donald Trump a rencontré mercredi le président mexicain, Enrique Pena Nieto, lors d’un entretien en privé quelques heures avant son discours sur l’immigration dans l’Arizona, attendu de longue date par ses partisans. Début juin, quand Donald Trump fut assuré de devenir le candidat républicain à la présidentielle américaine, John Stubbs a décroché son téléphone. L’ex-conseiller du représentant au Commerce de l’administration George W. Bush, retiré de la vie politique depuis huit ans, a appelé quelques amis et anciens collègues pour partager son indignation de voir le milliardaire new-yorkais sur le point d’accepter la nomination du parti conservateur. Une tribune dans le Washington Post intitulée « Pourquoi les républicains devraient voter pour Hillary Clinton » et plusieurs réunions plus tard, le mouvement Républicains pour Clinton en 2016 (Republicans for Clinton in 2016) était né. « Nous constituons un mouvement populaire, sommes tous des volontaires motivés par le désir de reprendre le parti républicain détourné par Donald Trump », précise le fondateur du site R4C16.org. « Notre but est de sauver le parti. Si Donald Trump l’emporte, le Grand Old Party est mort ». Selon les estimations, six à sept millions de conservateurs seraient prêts à voter pour l’ex-secrétaire d’Etat de Barack Obama afin d’assurer la défaite du candidat de leur propre parti, soit 12 % des électeurs républicains, à en croire le dernier sondage Quinnipiac. R4C16 est aujourd’hui soutenu par des personnalités de Washington comme l’ancien conseiller politique de Ronald Reagan Frank Lavin ou encore James Glassman, ex-secrétaire d’Etat adjoint de l’administration George W. Bush. Système bipartite « Le système bipartite américain ne permet pas à un troisième candidat d’émerger de façon significative, encore moins de gagner l’élection présidentielle », déplore le diplomate. Ni le candidat libertarien Gary Johnson, ni la candidate des Verts Jill Stein n’atteignent les 15 % d’intentions de vote dans les sondages (ils recueillent respectivement 8 % et 3 %), seuil exigé pour participer aux débats présidentiels cet automne. « Si vous votez pour un autre candidat qu’Hillary Clinton ou si vous ne votez pas du tout, vous n’empêchez pas Donald Trump d’accéder à la Maison Blanche », affirme James Glassman, qui a voté pour le candidat républicain à chacune des neuf présidentielles depuis Ronald Reagan. Le 8 août, cinquante anciens hauts responsables républicains de la Maison Blanche, du département d’Etat ou de celui de la Défense, ayant servi sous des administrations républicaines, signaient une lettre ouverte dans le New York Times pour dénoncer l’« ignorance alarmante » et l’incompétence de Donald Trump. Ils s’engageaient à ne pas voter pour le candidat susceptible de devenir, selon eux, « le président le plus dangereux de l’histoire américaine ». Tous ne rallieront pas Hillary Clinton mais « quelques-uns le feront » assure encore James Glassman. Des fortunes républicaines influentes ont également apporté leur soutien à la candidate démocrate comme la milliardaire de la Silicon Valley Meg Whitman, patronne de Hewlett Packard, en campagne dans le Colorado ce mardi. « Je ne suis d’accord avec Hillary Clinton que sur peu de sujets mais elle serait une bien meilleure présidente que Donald Trump », déclarait début août cette proche de l’ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney, n’hésitant pas à comparer le promoteur immobilier « démagogue » à Hitler et Mussolini. Pour l’ex-PDG de General Motors Dan Akerson, Hillary Clinton a « l’expérience » pour devenir un commandant en chef « efficace ». C’est une question de « tolérance » estime pour sa part le patron d’origine iranienne du fonds d’investissement Prologis, Hamid Moghadam, engagé lui aussi à voter pour l’ex-secrétaire d’Etat. Le refus de Donald Trump de dénoncer le soutien que lui apportent des groupes suprémacistes blancs et le mouvement « alt-right » (droite alternative) choque bon nombre de républicains, déjà opposés à plusieurs des propositions du candidat sur l’immigration. Ceux qui soutiennent Hillary Clinton croient en la capacité de la démocrate, une fois élue, de travailler avec eux. Quand elle était sénatrice de New York, « 68 % de ses projets de loi étaient soutenus par le parti républicain », rappelle John Stubbs dans sa tribune du Washington Post. Vote contestataire. Ce vote contestataire anti-Trump pourrait faire la différence en novembre dans des États très disputés comme la Floride, la Pennsylvanie, la Virginie et l’Ohio. La candidate démocrate reste en tête des intentions de vote dans ces quatre États-clés mais la tendance commence à s’inverser en Floride. Si Hillary Clinton est élue le 8 novembre, beaucoup à Washington lui prédisent la lune de miel la plus courte de l’histoire de la Maison Blanche. Qu’ils votent ou non pour l’ancienne First Lady, les républicains comptent défendre leur programme et retrouver les valeurs défendues par Abraham Lincoln. Ils soutiennent les candidats du parti en course pour leur réélection au Congrès pour maintenir la majorité dans les deux chambres. « Notre groupe s’appelle Républicains pour Clinton en 2016 pour une raison simple, prévient John Stubbs : il disparaîtra dès le lendemain de l’élection présidentielle ».
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