Haïti - Terrorisme. Le chaos et la violence des gangs explosent à nouveau en Haïti. Même les défenseurs des droits de l'homme sont ciblés27 avril 2022
Haïti - Terrorisme. Le chaos et la violence des gangs explosent à nouveau en Haïti. Même les défenseurs des droits de l'homme sont ciblés Miami Herald.com | Publié le 27 avril 2022 | 8:01 am Par Jacqueline Charles Traduit de l'anglais par la Rédaction du Blog d'Edwidge- La violence explose à nouveau en Haïti, où des affrontements armés entre gangs rivaux forcent une fois de plus les habitants à fuir leurs maisons. Quel est le niveau de dangerosité de la situation actuelle ? Le chef de la commission de désarmement du pays et son chauffeur ont échappé de peu à une attaque mardi matin lorsque leur voiture a été touchée par une valse de coups de feu. Un hélicoptère des Nations Unies aurait été touché par balle alors qu'il était stationné sur une piste à Port-au-Prince. Une photo des dégâts fait le tour des réseaux sociaux. L'hélicoptère est utilisé pour transporter les travailleurs de l'ONU vers les endroits reculés du pays. L'état de siège à l'est de la capitale a commencé dimanche vers 4 heures du matin, disent les habitants, et a tout bloqué, des transports en commun au fonctionnement des marchés de rue entre Croix-des-Missions et Bon Repos, à sept miles au nord-est de la capitale et non loin du campement tentaculaire où les victimes du tremblement de terre de 2010 ont cherché refuge. "Nous sommes pratiquement paralysés ici", a déclaré un résident et pasteur local nommé Steeve, qui a refusé de donner son nom de famille, qui se retrouve bloqué depuis trois jours dans le village de Caradeux séparé de sa famille vivant à Tabarre à cause de la bataille acharnée que se livrent les gangs. "Nous ne pouvons rien faire." On ne sait pas combien de personnes sont mortes ou ont été abattues depuis que la violence a éclaté. Ni la police ni les membres du gouvernement n'ont fait de déclaration officielle, et le porte-parole de la Police nationale d'Haïti n'a pas répondu à notre appel téléphonique. Les groupes de défense des droits de l'homme contactés par le Miami Herald disent "qu'il est impossible" de savoir pour le moment combien de victimes il y a eu, et ils essaient toujours de comprendre ce qui se cache derrière cet accès de violence. La violence est le dernier chapitre du chaos dans une Haïti totalement instable et où, depuis des jours, de longues files d'attente se forment dans les stations-service dont les réservoirs sont vides. Des problèmes de sécurité au cours du week-end ont conduit les compagnies aériennes américaines à retarder le décollage de leurs vols après avoir été informées d’une pénurie temporaire de carburant à l'aéroport international Toussaint Louverture. Elles se sont fait dire qu'elles devraient s’arranger pour s’approvisionner seules. Un vol d'American Airlines a été contraint de faire le plein en République Dominicaine voisine avant de retourner à Miami. Mardi soir, le ministère de la Communication, face à la panique provoquée par la déficience des stocks de carburant dans le pays, a annoncé que de nouvelles livraisons devraient arriver d'ici la fin de la semaine et que le gouvernement ne comptait pas augmenter le prix du carburant déjà excessif. A 19h30, les tirs avaient repris dans le secteur en question. La cacophonie créée par le bruit des armes de haut calibre pouvait être entendue sans arrêt dans le quartier de Santo 17 alors que les habitants terrorisés étaient forcés de passer une autre journée sans accès à la nourriture ou à l'eau potable. « Haïti est bloqué », a déclaré Pierre Espérance, un éminent défenseur des droits humains, qui affirme que son Réseau national de défense des droits humains a recensé plusieurs dizaines d'habitants, dont des bébés dans un parc public du quartier Clercine, qui ont été contraints de quitter leur domicile à cause de cette bataille de gangs. « Nous sommes dans une situation où la seule chose à laquelle vous pouvez penser est votre sécurité. Il n'y a pas de vie ici. La situation d'insécurité a paralysé le pays. ... Si vous n'avez pas besoin de sortir en Haïti, vous ne sortez pas, vous restez chez vous ». La semaine dernière, un groupe de législateurs américains, dont les représentants Gregory W. Meeks et Michael McCaul, président et membre éminent de la commission des affaires étrangères de la Chambre, a publié une lettre condamnant les menaces de mort contre Espérance et le personnel de son réseau national de défense des droits humains. Les menaces contre Espérance étaient en représailles à son travail, indique la lettre, et "sont extrêmement alarmantes". "Toute nouvelle tentative de réduire au silence, d'intimider, de harceler, de menacer ou de nuire M. Espérance ou le personnel du RNDDH est intolérable", indique la lettre. « Nous appelons les autorités haïtiennes à enquêter sur toute menace proférée contre M. Espérance et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité et celle de ses collègues. Outre Espérance, le chef d'une commission de désarmement nommé par feu le président Jovenel Moïse, Jean Rebel Dorcenat, a déclaré mardi qu’une « menace sérieuse » pesait sur sa tête. Sa voiture a été visée par tirs d’inconnus dans la matinée, a-t-il dit, ajoutant que lui et son chauffeur s’en étaient sortis indemnes. Dorcenat a longtemps affirmé que dans le cadre de son travail, il avait compilé une liste d'individus impliqués dans le trafic d'armes et de munitions dans le pays. Cependant, il n'a jamais rendu les noms publics. Les habitants des quartiers actuellement assaillis par des gangs ont décrit la violence comme « choquante » et « effrayante ». Cela attise les craintes, disent-ils, que la zone tentaculaire de Croix-des-Bouquets, Santo et La Plaine, qui relie la capitale au Plateau central et à la frontière avec la République dominicaine voisine, puisse devenir le prochain No Man's Land d'Haïti après Martissant, le quartier gangrené situé au sud de Port-au-Prince. Depuis juin, des groupes armés ont forcé le déplacement de plus de 20 000 Haïtiens de leurs maisons à Martissant et dans les communautés environnantes, et ont coupé Port-au-Prince de quatre départements régionaux du sud, y compris ceux dévastés par le tremblement de terre meurtrier de l'année dernière. La violence a rendu impossible à quiconque de traverser cette zone sans risquer d'être kidnappé ou tué. Dans les cas des gens qui ont pu la traverser, ils ont dû payer des gangs pour leur passage, ce qui n'offre toujours aucune garantie contre leur bestialité. Si Croix-des-Bouquets tombait complètement entre les mains des gangs, elle laisserait Port-au-Prince avec un seul accès, son entrée nord, au reste du pays. Et même là, il n'y a aucune garantie, les affrontements de gangs près du port maritime et de l'aéroport devenant parfois mortels. Au centre de la violence actuelle se trouvent deux gangs : l'un est connu sous le nom de Chen Mechan, et l'autre est 400 Mawozo, le gang notoire à l'origine de l'enlèvement l'année dernière de 17 missionnaires américains originaires de l'Ohio. Les gangs se disputeraient le territoire après que 400 Mawozo ait tenté d'installer l'un de ses chefs sur le territoire de l'autre gang. Une note vocale circulant sur les réseaux sociaux a intimé l’ordre à la police haïtienne de rester en dehors de ce conflit. La semaine dernière, des diplomates américains et français ont déclaré au Herald qu'aider la police nationale d'Haïti à lutter contre les gangs serait au centre des préoccupations de la communauté internationale dans les mois à venir. Les partenaires d'Haïti se sont engagés à intégrer des conseillers de police étrangers dans la force et à créer des unités anti-gang et SWAT. Les Haïtiens ont cependant averti que le renforcement de la police nécessitera plus que la création d'unités anti-gangs, mais aussi un nettoyage en profondeur pour éliminer les flics corrompus ayant des liens avec les chefs de gangs. Espérance a déclaré que bien que des policiers soient impliqués, et entretiennent des liens étroits avec des membres de gangs, les autorités haïtiennes doivent retirer le pouvoir aux gangs en sévissant contre l'importation illégale d'armes et de munitions dans les ports maritimes du pays, en particulier le port principal de Port -au-Prince. Jusque-là, des habitants comme Steeve, 40 ans, se disent pris en otage par la violence. "C'est notre plus grande inquiétude", a-t-il déclaré, se demandant à haute voix s'il serait capable de trouver une moto pour l'emmener voir ses quatre enfants traumatisés et sa femme à Tabarre, la banlieue de Port-au-Prince où se trouve l’ambassade des États-Unis. Il connaît des gens qui ont été abattus, a déclaré Steeve, et la maison de son frère a été touchée par une balle. "Aujourd’hui, les gens n'ont pas de refuge", a déclaré Steeve. « Aucun endroit n'est sûr en Haïti.”
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