Le président français Emmanuel Macron hôte d'honneur de Donald Trump, lundi 23 avril22 avril 2018
Le président français Emmanuel Macron hôte d'honneur de Donald Trump, lundi 23 avril Agefi.com | Publié le 22 avril 2018 Premier dirigeant étranger à être reçu par M. Trump avec les honneurs d'une visite d'Etat, le président Français va tenter de convaincre Donald Trump sur des dossiers difficiles tels que la guerre commerciale, la Syrie, l'Iran... Le président français Emmanuel Macron retrouve lundi aux Etats-Unis son homologue Donald Trump. Il espère le convaincre sur nombre de points de désaccords, Iran en tête, mais sans aucune certitude que celui qu'il appelle volontiers son "ami" l'écoutera. Premier dirigeant étranger à être reçu par M. Trump avec les honneurs d'une visite d'Etat, le président français aura droit au grand jeu: dîner privé lundi dans le cadre enchanteur de Mount Vernon, la demeure historique de George Washington, un entretien à la Maison blanche, un déjeuner au département d'Etat, une cérémonie au cimetière d'Arlington mardi puis un discours au Congrès mercredi. Ces deux hommes si dissemblables aiment chacun rappeler leur point commun: ils ont tous deux remporté une victoire longtemps jugée inimaginable. Louant "une relation très personnelle" et "un bon niveau de confiance et de respect" avec le 45e président américain, M. Macron expliquait cette semaine dans Vanity Fair apprécier ses conversations "très directes" avec ce dernier. Mais les deux dirigeants ont des positions diamétralement opposées sur bon nombre de dossiers, du climat à l'Iran en passant par le libre-échange. Et s'il est tombé sous le charme du défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées, Donald Trump n'a jusqu'ici pas cédé d'un pouce sur le fond. L'Iran, sujet phare Pour le président français, qui s'exprimera mercredi devant le Congrès, la question est de savoir ce qu'il rapportera de ses trois jours à Washington, au-delà d'un rappel du "statut unique de la France, tout premier allié de l'Amérique". Dossier emblématique des désaccords, l'accord sur le nucléaire iranien devrait dominer les discussions, d'autant que Donald Trump tranchera sur son sort dans trois semaines. En campagne, il avait promis de "déchirer" ce texte, fruit d'années d'âpres négociations visant à empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique. Il a donné à ses signataires européens (France, Royaume-Uni et Allemagne) jusqu'au 12 mai pour le durcir, faute de quoi il mettra sa menace à exécution et rétablira les sanctions contre Téhéran. Très attachée au maintien de l'accord, la présidence française se dit "extrêmement prudente" sur ses chances de convaincre, car "les signaux ne sont pas encourageants". Paris dit même ne "pas s'attendre à une percée diplomatique". Guerre commerciale Autre date butoir sensible, source de très vives tensions transatlantiques: l'exemption de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium pour les pays de l'UE expire le 1er mai. Sur la Syrie, Washington, Londres et Paris ont coordonné des frappes en réponse à l'attaque chimique près de Damas. M. Macron s'est alors vanté d'avoir "convaincu" le président américain de "rester dans la durée" en Syrie. Mais, quelques heures plus tard, la Maison Blanche démentait, rappelant que Donald Trump voulait toujours que "les forces américaines rentrent à la maison le plus vite possible". Quant à l'accord de Paris de 2015 contre le réchauffement climatique, qu'Emmanuel Macron espérait encore cet automne convaincre Donald Trump de réintégrer, il semble relégué au second plan. Interlocuteur central Sur tous ces dossiers, "Emmanuel Macron peut espérer infléchir les positions de Donald Trump, mais jusqu'ici les résultats concrets ont été très limités", reconnaît Benjamin Haddad, chercheur au Hudson Institute de Washington. Mais l'approche "réaliste" du président français pourrait s'avérer payante sur d'autres fronts, souligne-t-il, citant la lutte contre le terrorisme. Pour Paris, l'appui américain dans la lutte contre les djihadistes au Sahel reste en effet une priorité. Le président français se rend aussi sur place comme chantre de l'Europe, notamment dans le différend commercial. "En étant pour Donald Trump ce qu'Angela Merkel était pour Barack Obama, l'interlocuteur central et fiable, il peut émerger comme le leader diplomatique de l'Union Européenne et gagner du crédit pour son agenda de réformes de l'UE", estime l'expert. "L'interlocuteur principal à l'heure actuelle de Donald Trump en Europe, c'est la France", abonde Dominique Moïsi, géopolitologue et conseiller spécial de l'institut français des relations internationales (Ifri). Angela Merkel, qui sera en visite à Washington le 27 avril, "a incontestablement irrité Donald Trump, elle ne semble pas exercer de séduction ou de fascination sur lui et le contraire est vrai". (ats)
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