Michel Martelly « J'ai dû gagner la confiance de la population pour ramener la stabilité au pays »2/27/2014 27 février 2014
Michel Martelly « J'ai dû gagner la confiance de la population pour ramener la stabilité au pays » France Antilles - Guadeloupe Jeudi 27 février 2014 Propos recueillis par Nicomède GERVAIS Que ressort-il de votre tournée en France et à Bruxelles ? J'entreprends ce genre de tournée pour remercier nos partenaires qui sont toujours à côté d'Haïti. Pas seulement dans les moments difficiles, mais aussi sur le plus long terme, au nom des relations que nous entretenons depuis très longtemps. J'ai aussi tenu à les rassurer sur l'utilisation des fonds alloués à Haïti. Il est important d'établir la confiance. Après le séisme, les partenaires s'étaient mis d'accord pour aider Haïti à hauteur de 11 milliards de dollars. Sur ces 11 milliards, nous en avons reçu 3,5. Ces sommes ont transité par des organisations non gouvernementales parce que nous n'avions pas la l'habitude de gérer les séismes. Nous n'avions pas un programme pour répondre à cette catastrophe. Il s'agit dans un premier temps de survivre, d'amener de l'eau à la population, de la nourriture, des tentes, des petites maisons en bois qui ne durent que trois semaines. Aujourd'hui, on utiliserait ces sommes différemment. Quelles sont les bonnes nouvelles d'Haïti et qu'avez-vous fait depuis votre arrivée ? On a toujours présenté Haïti comme un pays pauvre, malade, un pays de misère. Je vous confirme qu'il y a de bonnes nouvelles. J'ai dû gagner la confiance de la population haïtienne pour ramener la stabilité au pays. À mon arrivée à la présidence, 1,5 million d'Haïtiens vivaient sous les tentes. Aujourd'hui, il y a 147 000 personnes dans ces situations précaires. Pour l'opposition, c'est encore trop. On a relogé plus de 90% de cette population, c'est un grand pas en avant. Nous avons scolarisé 1,4 million de jeunes qui étaient dans les rues, et c'est aussi un grand pas en avant. Malgré nos faibles moyens, nous avons mis en place un système de transport gratuit pour ces enfants. Il nous reste à revoir la qualité de l'éducation. De quoi vous êtes vous entretenus avec la présidente du conseil régional, Josette Borel-Lincertin et la préfète, Marcelle Pierrot ? Nous entretenons une excellente coopération avec la Guadeloupe et la France et nous construisons une école d'excellence en Haïti. Je parlais de la nécessité de réfléchir à une coopération au niveau de la qualité de l'éducation. Il y a des professeurs qui partiront à la retraite et donc il nous faut former de jeunes maîtres. Au niveau de la santé, nous avons réalisé beaucoup de choses et une loi a été votée pour combattre la corruption. Le taux de croissance est passé de 2,9 à 4,5%. L'inflation a été réduite et est passée de 6,5% à 4, 5%. Haïti est classé 47e tout de suite après les États-Unis pour la liberté de la presse. Et notre pays est également classé n°4 comme destination touristique proposée. Les investissements directs sont passés de 37,9 millions de dollars à 225 millions, en 2014, soit une augmentation de 600%. Les chaînes hôtelières s'installent en grand nombre dans le pays, ainsi que des firmes et chaînes espagnoles. L'objectif est de montrer les capacités d'Haïti qui peut se dispenser de dons et de la charité. Nous donnons la priorité à l'investissement pour créer des emplois dans le pays. Car notre taux de chômage dépasse les 50%. Vous avez rencontré la communauté haïtienne en France et en Europe, et vous avez assisté à l'installation du premier cardinal son Excellence Mgr Chibly Langlois au Vatican ? Ma tournée en France m'a permis de rencontrer le président de la Chambre des députés, le président de la République François Hollande, et la communauté haïtienne. Cette dernière, grâce aux réseaux sociaux, est au courant de ce qui se passe en Haïti. Elle apprécie beaucoup l'effort que nous faisons. Nous avons également rencontré des hommes d'affaires à Paris, et en Belgique, des hautes personnalités Walonnes, etc. De nombreuses communautés viennent en aide à Haïti. Je suis allé effectivement pour l'intronisation de notre premier cardinal à Rome, Son Excellence Chibly Langlois. J'ai été reçu par sa Sainteté le Pape François, en audience privée. Que pensez-vous de l'intégration de la Guadeloupe et de la Martinique à l'Association des États de la Caraïbe (AEC) ? J'ai été président du Caricom (Communauté des caraïbes et Marché caribéen, NDLR) de janvier à juillet 2013 et on a beaucoup parlé de l'intégration de la Guadeloupe et de la Martinique au sein de cette instance. Le fait de trouver un moyen de renforcer le Caricom, c'est génial. Cela permet de faciliter les échanges commerciaux. J'ai appris avec joie que la Guadeloupe et la Martinique y sont admises. Je serai à la prochaine réunion de l'AEC, qui aura lieu au Mexique. Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la communauté haïtienne en Guadeloupe ? J'aimerais que les Haïtiens, en Guadeloupe, soient les vrais ambassadeurs d'Haïti. Je les invite à consulter le site de la présidence pour savoir ce qui s'y passe. Haïti est aujourd'hui le point le plus sûr de la région. Le taux de criminalité est de 7 pour 100 0000 habitants juste derrière les États-Unis selon les indicateurs que nous avons. On a préféré, jusque-là, vendre l'insécurité, le déboisement, les problèmes de migration que nous avons eus par le passé, le choléra, ou le tremblement de terre que nous avons connu, la misère. Tout cela plutôt que de vendre les richesses d'Haïti. Certes, nous avons des problèmes, mais nous avons également les capacités à promouvoir nos richesses et de guérir nos maux.
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