16 septembre 2013 Port-au-Prince le 12 septembre 2013 - AHP - La situation socio politique haïtienne se complique chaque jour qui passe avec des manifestations et des sit-ins en série à Port-au-Prince et en province, pour dénoncer les conditions de vie jugées infrahumaines de la population, alors que les relations se détériorent dangereusement entre l'exécutif et les secteurs politiques de l'opposition sur différents dossiers dont celui de la loi électorale votée en début de semaine à la chambre des députés. Des membres du gouvernement dont le ministre chargé des relations entre l'Exécutif et le parlement, Ralph Théano, sont furieux du fait qu'après avoir pu obtenir, dit-on, par erreur, que l'assemblée des députés vote l'article 3.1 qui permet à l'Exécutif de pouvoir continuer à nommer un directeur général au conseil électoral, la chambre a adopté l'article 241 qui empêche le chef de l'Etat de tronquer en janvier 2014, le mandat des sénateurs élus en 2009. Dans ce contexte de grande confusion, les secteurs politiques affirment que si la constitution continue d'être violée, si la situation socio-économique du pays continue de se dégrader et que le pouvoir continue de faire la sourde oreille et persister à vouloir organiser des élections sur mesure, le problème sera réglé dans la rue. C'est ainsi que plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues mercredi pour réclamer entre autres, la démission du président Michel Martelly, incapable selon elles, de répondre aux revendications de la population, d'organiser des élections crédibles, pour protester aussi contre la volonté affirmée du pouvoir de déstabiliser le parlement, et contre les persécutions politiques et les arrestations arbitraires. Ce jeudi 12 septembre, c'est un sit-in qui a été organisé devant le Ministère de la Justice pour réclamer entre autres la libération de plusieurs personnalités considérées comme des "prisonniers politiques ". Mais mercredi comme jeudi, le gouvernement craignant probablement de perdre le contrôle de la rue, la police a dispersé des manifestants pourtant pacifiques en tirant des rafales d'armes en l'air et des gaz lacrymogènes. Dans le premier cas, les manifestants s'apprêtaient à rentrer dans l'aire de la grande place du Champ-de-Mars où se trouve ce qui reste du palais national dévasté par le séisme de janvier 2010. Jeudi, des responsables politiques dont l'ancienne candidate à la présidence, Myrlande Manigat, Turneb Delpé , Serge Jean-Louis, Arnel Belizaire et des résidents du quartier ont été sérieusement incommodés par les gaz, alors qu'ils affirment avoir rempli toutes les formalités légales. Pour Turneb Delpé, l'ordre anti-démocratique de disperser le sit-in et la manifestation de la veille a été donné par le gouvernement Martelly. Mais, cet acte ne fait que nous inciter davantage à lutter pour empêcher le retour de la dictature, a dit le responsable de l'opposition. De fait, une manifestation est prévue ce 14 septembre au Cap-Haïtien (nord) pour dénoncer le gouvernement, sa majorité PSP au Parlement ainsi que pour mettre à nu les mauvaises conditions de vie de la population, et sensibiliser celle-ci sur l'urgence de lutter contre l'émergence d'un régime autoritaire. Le responsable du Collectif pour libérer Haiti, Hugue Célestin, a fait savoir que le gouvernement ment depuis 2 ans à la population, à travers, a-t-il dit, une propagande effrénée pour tenter de lui faire croire que tout va bien. Les partisans du président Martelly au Cap-Haïtien ne sont pas en reste. Ils dénoncent l'exclusion, n'ayant pu trouver jusqu'ici leur part du gâteau, après avoir tout fait, ont-ils dit, pour porter le président Martelly au pouvoir . Le porte-parole du groupe, Sony Ambroise, menace de rejoindre l'opposition, si rien n'est fait pour améliorer leur situation. " Nous allons passer au Plan B pour prendre notre destin en main, en abandonnant la question des élections, a prévenu M. Ambroise qui dit croire qu'une explosion sociale est possible si le gouvernement continue de mépriser la population. D'autres organisations de l'opposition annoncent également des manifestations les 29 et 30 septembre. Le 30 septembre marque le 22 ème anniversaire du premier coup d'état sanglant contre le président Jean Bertrand Aristide. M. Aristide a été victime d'un second coup d'Etat le 29 février 2004, mouvement dans lequel, l'actuel chef d'Etat a joué un rôle important aux côtés de nombre de ses adversaires d'aujourd'hui. Autre pomme de discorde entre le président Martelly et l'opposition: la décison d'appeler l'OEA pour évaluer l'opportunité d'organiser ou non les élections législatives, municipales et locales avant la fin 2013. Alors que l'organisation hémisphérique est pointée du doigt par de nombreux secteurs qui l'accusent d'avoir imposé les résultats des présidentielles et législatives de 2011. Manœuvres politiciennes, s'indigne l'ancien ministre de la justice, Paul Denis, qui accuse des secteurs de la communauté internationale de cautionner "les dérives du gouvernement Martelly/Lamothe". Pour Jean André Victor, un autre responsable politique, la décision du président Martelly prouve que c'est une frange de la communauté internationale qui dirige le pays, bien qu'il reconnaisse qu'Haïti est un membre à part entière de l'OEA. L'ancienne sénateure Emonde Supplice Beauzile estime, elle, que le président aurait dû d'abord faire appel à des experts haïtiens, particulièrement ceux qui ont participé depuis 1990 à l'organisation d'élections en Haïti. Mais elle soutient que de bonnes élections ne sont pas possibles avant la fin de l'année, après tout le temps gaspillé par le président Martelly. La situation sent la pourriture Aux Cayes, le président de la ligue Dessalinienne, l'ancien sénateur Jean Gabriel Fortuné estime que la lutte entre le président et le parlement est motivée en grande partie par des intérêts personnels. Si un matin, l'ambassade américaine décide que le président reste 5 ans au pouvoir et que les sénateurs élus en 2009, accomplissent leur mandat de 6 ans, tout sera vite rentré dans l'ordre, estime l'ancien délégué départemental du Sud qui estime que le chef de l'Etat est le principal responsable de la situation actuelle. Il appelle la population à se réveiller.
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