Économie : non, les inégalités n’auraient pas explosé aux États-Unis !30 novembre 2023
Économie : non, les inégalités n’auraient pas explosé aux États-Unis ! Le Point.fr | Publié le 30 novembre 2023 | 17h00 Par Antoine Copra La publication a stupéfié les économistes du monde entier tant ses conclusions remettent en cause une grande partie des croyances économiques du XXIe siècle. Non, les inégalités n'auraient pas explosé aux États-Unis depuis les années 1960, contrairement aux conclusions de Thomas Piketty et d'Emmanuel Saez. Elles seraient même restées parfaitement stables, affirment Gerald Auten et David Splinter dans une étude fouillée, publiée dans le Journal of Political Economy (JPE), l'un des plus prestigieux journaux américains d'économie. Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman ont beaucoup écrit sur les inégalités. Et leur constat, jusqu'alors, était clair : aux États-Unis, les revenus des 1 % les plus riches auraient augmenté beaucoup plus vite que les autres. Alors qu'ils captaient 10 % des revenus nationaux en 1962, ces 1 % en auraient accaparé deux fois plus en 2014 (20,2 %, soit 15,7 % après impôt). Cette idée s'est profondément ancrée dans la conscience publique, au point d'être incarnée par le slogan d'Occupy Wall Street – « Nous sommes les 99 % ! » – et de porter l'Américain Bernie Sanders, en 2016, à un cheveu la Maison-Blanche. Même si leurs données ont souvent été contestées, l'acceptation de cette idée a influencé une bonne part des travaux universitaires, de Joseph Stiglitz à Brink Lindsey et Steven Teles. Elle a lié l'augmentation des inégalités à une moindre efficacité économique et à une stagnation des salaires de la classe moyenne. Et a même inspiré Obama : son directeur du budget, Peter Orszag, a écrit en 2009 que le travail de Saez avait fortement influencé sa politique fiscale. Part de revenus des 1 % les plus riches, par Gerald Auten et David Splinter. Gerald Auten et David Splinter, spécialistes respectés de la fiscalité américaine (l'un est responsable du bureau d'analyse fiscale du Trésor américain, l'autre du comité mixte sur la fiscalité du Congrès américain), ont étudié la part de revenus des 1 % les plus riches. Ils se sont appuyés sur les mêmes données fiscales que Piketty et Saez. Mais ils aboutissent à une conclusion radicalement différente : non, la part des 1 % n'a pas évolué dans le temps, restant, après impôt, autour de 8 % de la richesse nationale. Une méthodologie plus complète Car leur méthodologie diverge. Les différences les plus importantes concernent l'estimation de revenus sous-déclarés. Ils affirment également que les transferts d'épargne d'un fonds de pension à un autre ont été comptabilisés comme des revenus par Piketty et Saez. Et pointent du doigt l'évolution de la structure des ménages. Si les plus riches sont presque tous mariés, ce n'est pas le cas des plus pauvres, chez qui le nombre de familles monoparentales a bondi. Résultat, la richesse est statistiquement de plus en plus concentrée chez les riches et de plus en plus diluée chez les autres. Pour Piketty et Saez, la hausse des inégalités est imputable à la série de réductions d'impôts commencée par l'administration Reagan. Une vision remise en cause par cette nouvelle étude et, avec elle, une grande part de la littérature économique qui en a découlé. Au point de nous interroger sur la pertinence de nombre de politiques fiscales du XXIe siècle.
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