JO-2022 : le skieur Richardson Viano, premier représentant d'Haïti aux Jeux d'hiver5 février 2022
JO-2022 : le skieur Richardson Viano, premier représentant d'Haïti aux Jeux d'hiver France 24.com | Publié le 2 février 2022 | 11:58 Du haut de ses 19 ans, Richardson Viano va être le premier skieur à disputer des Jeux olympiques d'hiver sous les couleurs de la Fédération haïtienne de ski. Une récompense pour "un battant" qui "a toujours serré les dents", selon son père. Itinéraire d'un jeune homme parti d'un orphelinat d'Haïti pour bientôt skier en mondovision. "La vie, des fois, te met à genoux mais si tu te bats, que tu ne baisses pas les bras, que tu y crois dur et que tu t'entraînes, tu peux y arriver." Les mots sont de Richardson Viano, skieur haïtien, juste avant ses débuts aux Jeux olympiques de Pékin, qui se tiennent du 4 au 20 février prochain en Chine. Le jeune homme, qui a passé la majeure partie de sa vie en France, sera le premier représentant des Caraïbes à des JO d'hiver lors du slalom géant, le 13 février, sur le domaine de Xiaohaituo. Il lui aura fallu batailler pour en arriver là. Car, à l'origine, rien ne prédestinait Richardson Viano à dévaler les pistes : ce dernier a passé les premières années de sa vie dans un orphelinat à Haïti, un pays au climat tropical avec des températures oscillant entre 25 et 30 °C. "Il vient de loin, ce n'est pas un jeune qui vient de la montagne, ses gènes sont plutôt 'mer', mais c'est un battant, il a toujours su serrer les dents pour s'intégrer dans le milieu du ski", se souvient son père, Andrea Viano, contacté par téléphone par France 24. Lui et sa femme, Silvia, sont installés dans le département des Hautes-Alpes. Ils adoptent Richardson au milieu des années 2000, puis ses deux sœurs, Bellandine et Natacha. "Tout de suite, on se dit qu'on va l'emmener dans la nature, et on lui prend des petits skis d'enfant", se rappelle sa mère, interrogée par le HuffPost. "Je suis guide de haute montagne, le ski c'était ma passion, donc c'était logique qu'on lui fasse essayer ce sport", précise Andrea. Un appel de la Fédération haïtienne de ski qui "a beaucoup compté pour lui" Richardson Viano se passionne pour le ski. Après la découverte de ce sport grâce à ses parents, le jeune garçon poursuit la pratique de la glisse en parallèle de sa scolarité et fait ses classes au Ski Club de Puy-Saint-Vincent, dans le parc national des Écrins. "C'était un gamin très attachant. Il n'avait pas de facilité particulière, mais un physique assez conséquent. Et avec ses parents passionnés de ski, l'environnement était bon", précise au HuffPost Stéphane Roger, son entraîneur pendant plusieurs années. L'adolescent acquiert un bon niveau de ski, intègre à la fin du collège le pôle espoir de Briançon et le comité de ski Alpes-Provence. Mais la concurrence est rude pour percer au haut niveau sous la bannière de la Fédération française de ski. "À un moment donné, il faut des résultats, donc l'entonnoir de filtrage est très serré : seuls ceux qui ont un super niveau sont élus", explique son père Andrea. La bascule a lieu durant la saison 2018-2019, avec un appel téléphonique de Jean-Pierre Roy. Ce dernier, cocréateur de la Fédération haïtienne de ski avec Thierry Montillet en 2010, en a été pendant plusieurs années l'unique représentant sur les pistes (avant Richardson Viano) et la préside aujourd'hui. "Sans cet appel, j'aurais certainement arrêté le ski et je serais en train de travailler dans le bâtiment", expliquait en décembre dernier Richardson Viano au site Olympics.com. Au départ, le jeune homme croyait à "une blague d'un copain" avant de faire des recherches sur Internet et de découvrir qu'"il y avait bien une fédération de ski à Haïti". "Cet appel a beaucoup compté pour lui", explique son père. "Cela l'a tranquillisé car ce n'était plus nécessaire de faire des résultats et il a pu se consacrer au ski et continuer son projet." Le jeune homme reçoit son passeport haïtien à l'été 2019 et participe en février 2021, sous ses nouvelles couleurs, au slalom géant des Championnats du monde à Cortina d'Ampezzo, en Italie. Richardson Viano termine 35e, à 23 secondes du premier, une performance remarquable d'autant plus qu'il fait sa descente "avec un matériel presque d'amateur, sans personne pour l'accompagner mentalement, sans kiné", précise sa mère Silvia. "Poursuivre son rêve" au-delà des JO-2022 En plus de cette place d'honneur, Richardson Viano réussit par ailleurs à accumuler suffisamment de points FIS (Fédération internationale de ski) pour décrocher sa qualification aux JO de Pékin. La Fédération haïtienne de ski écrit alors son "immense joie" de participer à ses premiers Jeux d'hiver, dans un communiqué publié le 17 octobre dernier – jusqu'à maintenant, Haïti n'avait participé qu'aux Jeux d'été, à 18 reprises. "J'étais vraiment heureux, c'était un moment merveilleux (la qualification aux JO-2022, NDLR)", a expliqué Richardson Viano à France 2. "Cela n'efface pas les moments de doutes ou de difficultés, mais ça donne un sens. J'ai souffert pour en arriver là." Son père se dit "très content et fier" du parcours de son fils et lui souhaite "le meilleur, de poursuivre son rêve". Car le skieur haïtien ne veut pas s'arrêter en si bon chemin : il compte bien faire carrière et continuer de participer à de grandes compétitions comme les Mondiaux à Courchevel, en 2023, ou les prochains Jeux d'hiver à Cortina d'Ampezzo, en 2026. "Mon objectif désormais, c'est vraiment le ski de haut niveau. (...) Je dois progresser parce qu'à terme, je vise le circuit de Coupe du monde", expliquait-il en décembre dernier au journal La Croix. Et au-delà de ses ambitions sportives, Richardson Viano veut aussi être un symbole de réussite pour d'autres athlètes qui viendraient comme lui de pays pauvres : "J'ai un message à faire passer à mon pays, aux pays africains, aux pays pauvres : tout est possible si on y croit, il faut se battre et ne jamais abandonner et alors tout peut arriver."
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NBA - Basket. Yves Pons : « Une grande fierté de représenter Haïti »5 février 2022
NBA - Basket. Yves Pons : « Une grande fierté de représenter Haïti » Le Quotidien du Sport.fr | Publié le 2 février 2022 Par Jean-Marc Azzola A travers l’ailier fort de 22 ans, Haïti est représenté en NBA. Pour Le Quotidien du Sport et France Basket, Yves Pons livre son impression sur ce devoir d’exemplarité, ses attentes fortes avec les Grizzlies et sur son avenir. Comment est vue votre réussite depuis Haïti ? C’est une très grande fierté de représenter mon pays d’origine. Mais je n’oublie pas évidemment mon pays d’adoption, la France. Ni toute la communauté qui est derrière moi et ma famille bien entendu. Avez-vous aidé à développer le basket en Haïti ? J’ai été adopté à l’âge de 4 ans en Haïti par mes parents français. Là-bas, peu de choses m’attendent. Cela n’aurait pas été exactement la même chose si j’avais joué au basket et que ma renommée aurait été faite là-bas. Je pense même que peu de personnes savent que je suis Haïtien. En Haïti, peu me connaissent. Donc je ne sais pas vraiment comment les choses évoluent là-bas niveau basket. Pouvez-vous revenir sur votre arrivée aux Grizzlies ? Je n’ai pas eu la chance d’être drafté. J’avais le choix de me rendre sur plusieurs franchises. J’ai pris la décision d’aller à Memphis. C’est l’organisation avec laquelle j’étais en contact depuis deux ans. Je savais qu’il y avait un plan pour moi làbas. J’ai accepté le contrat two-way (deux voies). J’ai été surpris par leur programme. C’est une franchise exceptionnelle. Les gens sont remarquables. C’est fun de jouer pour eux. L’entourage est vraiment différent par rapport à tout ce que j’ai pu vivre avant. Je leur en suis très reconnaissant. Comment jugez-vous votre début de saison ? Il a débuté par la Summer League. J’ai passé une bonne semaine malgré une blessure. Une première année est toujours compliquée quand on rentre avec ce statut de rookie. Sur un twoway, c’est toujours difficile d’avoir du temps de jeu. Tu figures alors comme la dernière option du roster. J’ai fait de bons matches e G-League. J’ai été rappelé en NBA. On attend de toi que tu ne forces pas les choses, que tu ne fasses pas d’erreurs, que tu joues dur. Pour moi, la défense est un secteur crucial avec les rebonds. On m’attend surtout sur ce job-là. Je progresse et j’apprends, m’entraîne dur tous les jours. Je fais des shoots, je vais à la salle, je m’habitue et je m’adapte. C’est un jeu différent de la NCAA et européen que celui de la NBA. J’attends maintenant plus d’opportunités sur un match. Yves Pons dans une équipe jeune et talentueuse de Memphis Et à plus long terme ? Actuellement, j’alterne entre la G-League et la NBA. C’est un contrat d’un an non garanti. A tout moment, ils peuvent me couper. Mon défi est l’année prochaine de signer un nouveau et vrai contrat avec Memphis. Et non un two-way. Comment voyez-vous la suite pour votre équipe ? On a un objectif qui est le même comme pour beaucoup d’équipes : gagner un championnat. Rapporter une première bague à la ville de Memphis est le but. On a déjà une bonne chance d’aller aux play off, d’avoir une bonne place et d’être compétitifs face aux adversaires. |