Président Trump, an II : le consigné de la Maison Blanche31 décembre 2018
Président Trump, an II : le consigné de la Maison Blanche Le Monde.fr | Publié le 30 décembre 2018 | 6:27 Par Gilles Paris (Washington, correspondant) Cette retraite pourrait être gaullienne, mais c’est une pénitence. Pour cause de « shutdown », Donald Trump est enfermé à la Maison Blanche. Privé de Mar-a-Lago en hiver. Privé de ses ors. Privé du Trump International Golf Club de Palm Beach. Pour ne rien arranger, il fait un temps de décembre à Washington. La First Lady s’en est retournée sous le soleil de Floride après l’avoir accompagné pour une brève visite aux troupes américaines en Irak puis en Allemagne, improvisée comme pour tromper l’ennui. Vendredi, Donald Trump a dîné avec son gendre Jared Kushner à la résidence de son vice-président, Mike Pence. Un homme qui se refuse à partager un repas avec une convive en l’absence de sa femme. Un économe en fantaisie. Une salve de menaces Le 24 décembre, le président consigné, enfermé par son exigence de « mur » à la frontière avec le Mexique que ses opposants au Congrès refusent de financer, avait exposé sa détresse sur son compte Twitter. « Je suis tout seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche, attendant que les démocrates reviennent et concluent un accord sur la sécurité des frontières qui fait cruellement défaut », avait-il écrit. Quatre jours plus tard et après avoir agoni quotidiennement ses adversaires, Donald Trump a passé son matin à menacer. A menacer de couper l’aide américaine aux pays d’Amérique centrale d’où viennent les demandeurs d’asile qui l’obsèdent. Ce qui arrangerait à coup sûr la situation. A menacer de fermer « entièrement » la frontière avec le Mexique. Ce qui reste à voir, surtout au moment où l’économie américaine émet de premiers signes d’interrogation. Des sabres de bois déjà agités deux mois plus tôt et qui n’effraient plus grand monde. Samedi, il a accusé les démocrates de la mort de deux enfants de demandeurs d’asile venus du Guatemala, emportés par la fatigue et la maladie alors qu’ils étaient retenus par la police des frontières. Son « mur », a-t-il affirmé, les aurait dissuadés de se lancer dans ce périple. Marais d’indifférence Invisible depuis l’escapade moyen-orientale, ce président dont le service de presse a renoncé ces jours derniers à publier l’agenda de ses activités, grommelle et tempête en solitaire. Tout ce que Washington compte de responsables politiques a abandonné la capitale fédérale. Les couloirs vides du Sénat ne sont arpentés que par un vieux sénateur républicain du Kansas, Pat Roberts, qui réside en fait à deux pas, en Virginie, et qui y fait à l’occasion une brève ronde de gardien d’archives départementales. Le Washington Post a publié la photo de la porte close du bureau du chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell. Une pile de courrier attend son retour. Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, qui a tenté de rassurer des marchés devenus fébriles en début de semaine est à Cabo San Lucas, station balnéaire mexicaine réputée pour sa vie nocturne. Et ces maudits démocrates ne donnent pas signe de vie, alors que le président les voudrait à sa grille, cinglés par la pluie froide, vêtus d’un froc de méchante bure, les mains tremblantes, quémandant une audience. La presse qui lui donne souvent un second souffle par ses « Oh ! » et ses « Ah ! » n’est, elle non plus, d’aucun secours. Comme plus personne n’attend rien avant que la nouvelle majorité démocrate ne prenne ses quartiers à la Chambre des représentants, le 3 janvier, les commis d’office de cette morne semaine baillent d’ennui, dressent les bilans de l’année écoulée et saluent une dernière fois les grands disparus. Et le président vitupérant, à force de s’agiter en vain, furieusement, sombrement, s’enlise inexorablement dans un marais d’indifférence.
0 Comments
Leave a Reply. |
Archives
March 2024
Categories |