6 avril 2014
Audrey Pulvar veut censurer un livre évoquant sa liaison avec Montebourg : une faute grave Le Plus.fr Par Brunot Roger-Petit Publié le 04-04-2014 à 18h33 - Modifié le 05-04-2014 à 10h23 Une journaliste qui menace de procès une autre journaliste, ce n'est pas l'usage. C'est pourtant ce que tente d'imposer Audrey Pulvar, qui a fait parvenir une mise en demeure à l'éditeur du livre "Prends garde à toi si je t'aime". L'animatrice de D8 estime que certains passages de cet ouvrage, qui ausculte les rapports journalistes/politiques débouchant sur des histoires d'amour, et les conséquences que cela emporte sur les vies privées/vies publiques des intéressés, seraient de nature à porter atteinte à sa vie privée. Et de menacer de poursuites au cas où seraient révélées dans le livre des informations ayant trait à sa vie intime. Nul n'ignore ce qu'est l'effet Streisand, phénomène médiatique au cours duquel la volonté d’empêcher la divulgation d’informations que l'on aimerait garder cachées – qu'il s'agisse de simples rumeurs ou de faits vérifiés – déclenche le résultat inverse. Par ses efforts, la victime encourage malgré elle l'exposition d'une publication qu'elle souhaitait voir ignorée. Il s'agit donc à proprement parler d'un effet pervers. Pour le coup, en s'en prenant à ce livre avant même sa sortie, en le menaçant de procès éventuel, de censure judiciaire, Audrey Pulvar prend le risque de générer un effet Streisand de force 8 sur l'échelle de Richter de l'effet Streisand. Aucune révélation particulière Audrey Pulvar a-t-elle seulement lu le livre avant d'envoyer cette mise en demeure, à fins de censure préalable, à l'éditeur du livre, Michel Lafon ? Si non, on ne peut que l'inviter à procéder à cette lecture utile. Car l'auteur de ces lignes, qui lui a lu le chapitre en question, peut assurer qu'en aucun cas, en aucune manière, n'y figurent des éléments d'information susceptibles de dévoiler des pans entiers de sa vie intime. Si oui, alors on s'étonne. Ou bien Audrey Pulvar n'a que de très faibles connaissances en matière de protection juridique de la vie privée (et son avocat avec), ou bien il est possible que d'autres informations figurant dans cet ouvrage soient de nature à provoquer son courroux. "Mais alors lesquelles, et pourquoi ?" se demanderont nos lecteurs les plus curieux. L'ouvrage revient dans un chapitre baptisé "Audrey Pulvar, le prix d'une 'bêtise'" sur la relation publiquement affichée par Arnaud Montebourg et la journaliste durant trois ans. Pour tout dire, il n'y aucune révélation particulière dans ce livre portant sur cette relation dans son caractère intime. Rien de rien même. En revanche, Besma Lahouri s'efforce de retracer le parcours professionnel et public d'Audrey Pulvar, tout cela dans le but de comprendre comment une journaliste de télévision, jouissant d'une certaine notoriété, a pu se retrouver dans cette situation de confusion entre vie privée/vie publique, y perdant tout à la fois clairvoyance, crédibilité, intelligence, sens commun, cohérence et indépendance professionnelle aux yeux du grand public. Un livre sur ces élites qui sont gagnées par le people Car c'est bien cela qui est passionnant dans le chapitre Pulvar du livre de Besma Lahouri. L'aventure d'Audrey Pulvar est une aventure qui dit l'époque. Qui dit combien notre vie publique est devenue un loft. Qui dit la dérive des élites françaises politico-médiatiques gagnées par le people. Qui dit la confusion des genres. Qui dit la mort lente du journalisme empoisonnée par les egos. Qui dit les médias contaminés par la recherche effrénée de la notoriété, du pouvoir et de la représentation. De ce point de vue, les aventures balzaciennes d'Audrey Pulvar à Paris, fort bien retracées par Besma Lahouri, méritent d'être contées, tant il paraît évident, en les découvrant, que la journaliste ne pouvait que terminer prise dans la tempête politico-médiatique Montebourg. Les anecdotes pullulent, sans jamais verser dans la révélation de l'intime. Si l'on en croit le livre, tout se joue et se noue quand Audrey Pulvar, s'estimant sous-starisée sur LCI, s'en va sur France 3 conquérir ses galons de vedette. C'est à France 3 qu'Audrey devient Pulvar, au sein de cette rédaction de journalistes si peu considérés, si peu payés, si peu enviés. À France 3, Audrey Pulvar a beau porter "une veste marinière bleu marine XL de Monoprix", elle se rend "chez le coiffeur tous les jours", n'a "que très peu de contacts avec la rédaction", refuse "de se rendre à la machine à café pour parler avec les autres", déjeune rituellement dans le restaurant so chic et politique du chef Alain Passard. Bref, sur la chaîne des démunis, Audrey Pulvar laisse éclore la star qui sommeille en elle. Certaine de son destin, elle exige même de présenter un rendez-vous politique tout en exploitant paradoxalement le filon de l'anti-sarkozysme pavlovien propre aux années 2007/09. Comme le confesse le patron de la rédaction de l'époque, Paul Nahon : "Il y avait un peu d'opportunisme de sa part". Déjà sous Audrey, perçait Pulvar ? Rien de sulfureux, que du connu Selon Besma Lahouri, "partout Audrey Pulvar a laissé l'image d'une femme adorant les restaurants chics, les vacances dans les Pouilles et les vêtements de marques". Le tout couronné par un art incomparable de se mettre en scène telle Elisabeth Taylor, comme lors de ce réveillon, raconté par un témoin : "Elle est arrivée à 22h. On l'attendait comme une reine. Le dîner avait débuté deux heures plus tôt." Quelques années, plus tard, le chemin de la star va croiser celui de Montebourg. Personne n'ayant tiré pour elle le signal d'alarme, ce qui était en germe depuis son passage à France 3 livrera ses fruits défendus. Jusqu'à ce soir de premier tour de la primaire socialiste, où les dirigeants de France 2 la découvriront aux côtés du triomphal Arnaud Montebourg, sur toutes les images de télévision, rayonnante et surpuissante, alors même qu'elle est la chroniqueuse vedette de l'émission de Laurent Ruquier, "On n'est pas couché", et qu'elle a agressé, quelques semaines plus tôt, Manuel Valls, rival de son compagnon dans cette même primaire. Cela lui coûtera son trône du samedi soir. Comme le dit Besma Lahouri, pour le président de France télévisions, Rémi Pfimlin : "Il était impossible de conserver celle qui était devenue le pire symbole du mélange des genres : la politique et les médias." Voilà ce qui figure, en réalité, dans le livre menacé de censure en justice par Audrey Pulvar, au nom du respect de la vie privée. Rien de privé, que du public. Rien de sulfureux, que du connu. Une aventure contemporaine mise en perspective, avec un peu de recul et des témoignages instructifs. Un parcours de vie original, entre Rubempré et Duroy 2.0, entre "Illusions perdues" et "Bel-Ami" des années 2000. Un parcours emblématique de l'époque. Est-ce cette tragique constatation qui dérange l’héroïne, la poussant à se lancer dans une opération ne pouvant que déboucher sur un effet Streisand ? Si c'est le cas, c'est bien dommage. Beaucoup de bruit pour rien Il est triste de voir une journaliste menacer de procès une autre journaliste. Ce sont des choses qui ne se font pas, surtout avec aussi peu d'éléments juridiques à disposition. Surtout, selon nos informations, quand on a refusé tout contact et tout entretien avec l'auteur du livre. C'est une faute. Une faute grave. Souhaitons que cette affaire débouche sur le même résultat que le procès promis au "Nouvel Observateur" par Audrey Pulvar, en septembre 2012. "Personnellement, je vais poursuivre le Nouvel Obs en diffamation", avait juré la journaliste, après la parution d'une enquête s'inquiétant de la voir prise dans une possible affaire de conflit d'intérêt. Il n'y a jamais eu de plainte. Il n'y jamais eu d'assignation. Il n'y a jamais eu de procès. Encore et toujours beaucoup de bruit pour rien.
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